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Livre du Pr Even: «Je crains surtout le pire pour les malades»

Les professeurs Nicolas Danchin et Gabriel Steg

INTERVIEW - Accusés personnellement dans le livre du Pr Even, les professeurs Gabriel Steg et Nicolas Danchin, cardiologues respectivement à l'hôpital Bichat et à l'Hôpital européen Georges-Pompidou, se défendent.

LE FIGARO. - Philippe Even vous reproche de publier beaucoup trop d'articles scientifiques. Comment l'expliquez-vous?

Gabriel STEG. - C'est bien la première fois que j'entends un ancien doyen de faculté de médecine émettre ce reproche ! C'est vrai que je publie beaucoup parce que j'ai l'avantage de participer à de grands essais et de grands registres internationaux. Mais je trouve cela ridicule d'utiliser des critères quantitatifs. Ce qui compte, c'est le contenu.

Justement, il cite une étude dans laquelle vous ne déclarez aucun conflit d'intérêt?

G. S. - Mea culpa. Sur les 369 études que j'ai publiées, l'un des formulaires n'était pas rempli. Pourquoi n'a-t-il pas signalé que j'avais correctement rempli les 368 autres? Mais le plus grave, ce sont les approximations. Il m'accuse par exemple d'avoir caché des morts dans une étude sur un médicament appelé torcetrapib. Une accusation extrêmement grave qui met en cause ma probité. Alors que je n'ai jamais travaillé ni publié d'article sur cette molécule!

L'auteur vous accuse de faire partie des «putains académiques». Quelle est votre réaction?

Nicolas DANCHIN. - Je suis fier d'avoir été à l'initiative il y a une vingtaine d'années d'un vaste registre (Fast-MI) pour collecter des informations sur les personnes qui ont un infarctus en France. Cela nous fournit des informations précieuses pour vérifier en vie réelle les résultats qui sont affichés dans les études.

Un registre qui bénéficie des financements de l'industrie pharmaceutique…

N. D.- C'est exact. J'ajoute que la question des conflits d'intérêt que se pose le citoyen est parfaitement légitime. Mais il faut savoir que cette base de données n'appartient pas aux industriels, elle appartient à la Société française de cardiologie. La raison pour laquelle ce sont des industriels qui la financent est simple: je n'ai pas trouvé de financement public.

Professeur Steg, il vous est aussi reproché de travailler avec beaucoup d'industriels du médicament.

G.S. - C'est vrai, et ce n'est pas un secret. Il suffit de se rendre sur les bases de données publiques ou de lire mes déclarations de liens d'intérêt. En réalité, il est normal et indispensable de travailler avec ceux qui développent des médicaments quand on travaille sur le traitement de l'infarctus. Il faut juste trouver la bonne distance et le faire en toute transparence.

Comment réagissez-vous au livre du Pr Even?

G. S. - Il n'est jamais agréable de se faire traîner dans la boue mais je crains surtout le pire pour les malades. J'ai peur que certains refusent de prendre tout autre antiagrégant plaquettaire que l'aspirine ou, pire, l'arrêtent sans en parler à leur médecin. Dire qu'ils ne courent aucun danger, c'est tout simplement criminel!

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3 commentaires
  • Louis Clauss

    le

    Le Pr Even est totalement incompétent en cardiologie !! C'est un personnage très dangereux !!
    Il n'est guère compétent que médiatiquement parlant, j'espère qu'il n'a pas semé trop de trouble auprès des patients et que les conséquences pour les patients n'ont pas été trop grave.

  • LynD

    le

    Éternelle hypocrisie: on voudrait que les entreprises pharmaceutiques ne gagnent pas d'argent pour s'assurer de leur probité, et l'on souhaiterait qu'aucun médecin ne participe à l'innovation médicamenteuse...

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