Si l'on se fie à ce qui se passe en Europe, les matériaux écologiques seront demain la norme. «La production d'écomatériaux peut apporter de nombreuses retombées», explique Hugues Grimard, préfet de la MRC des Sources, qui mise sur ce créneau pour diversifier son économie et offre un soutien pour bancs d'essai. Voici cinq exemples d'écomatériaux qui ont un bel avenir devant eux.

Chanvre

Le chanvre est peu polluant à produire, il stocke le carbone, est doté de propriétés isolantes et d'une excellente masse thermique. L'architecte André Bourassa utilise volontiers le béton de chanvre en restauration patrimoniale, en lieu et place du polyuréthane: «Il isole moins, mais il se marie mieux avec la masse thermique de la pierre.» Outre le béton, le chanvre fournit la matière première pour des blocs de maçonnerie isolante, des panneaux rigides, des nattes isolantes et des enduits de finition. «Le Québec est à deux doigts de la commercialisation», suppute M. Bourassa.

Photo fournie par Bourassa Maillé Architectes

Les blocs de chanvre derrière un parement de briques apportent isolation et masse thermique. 

Panneau de fibre de bois

Constitué essentiellement de copeaux de bois, le panneau de fibre de bois valorise des rebuts - de scieries et de chantier -, séquestre le carbone et est recyclable à 100%. Ce matériau est fabriqué depuis peu par MSL, à Louiseville, en Mauricie. Produit-vedette de l'entreprise, le panneau Sonoclimat Eco4 est idéal pour couper les ponts thermiques, en couvrant le colombage des murs. Dans cette application, il remplace avantageusement le panneau de polystyrène, issu de la pétrochimie, non recyclable et, détail non négligeable pour la santé des occupants, laissant moins bien diffuser l'humidité.

Dalle de verre-plastique

Valoriser des déchets difficiles à recycler, comme les sacs de plastique d'épicerie et le verre de collecte sélective parsemé de débris de porcelaine, voilà un remarquable geste écologique. Gaudreau Environnement, à Victoriaville, en fait des dalles et des pavés, depuis mars dernier. «Il faut 256 bouteilles de vin et 533 sacs de plastique pour faire notre pavé Regeneration, explique Réal Fortin, de la division Recherche et développement. Le verre broyé compte pour 75% de la matière et le plastique, qui sert d'agent liant, pour 25 %.»

Photo fournie par MSL

Le panneau de fibre de bois Sonoclimat-Eco4, de MSL, coupe bien les ponts thermiques. 

Planche de plastique recyclé

Ces contenants de shampoing, lessive, jus, lait, yogourt et autres que nous balançons dans le bac vert se transforment en planches et madriers quand ils sont traités par l'usine de Re-Plast, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, dans le Centre-du-Québec. Ce matériau de construction, très durable et de peu d'entretien, est tout indiqué pour la réalisation de patios. On le trouve déjà dans les quincailleries grande surface, sous le nom de Perma-Deck Avantage +. Il s'agit du dernier-né de Re-Plast, qui fabrique du mobilier urbain en plastique recyclé depuis 1989.

Laine de bois ou de fibre textile

La natte isolante en laine de bois donne un débouché aux copeaux de bois (ressource renouvelable et locale), séquestre le carbone et ne contamine pas la charpente de la maison (comme le fait le polyuréthane giclé), ce qui facilite son recyclage éventuel, résume Louis Poliquin, directeur de Cécobois. D'autres nattes isolantes pourraient provenir de matières que l'on jette: fibres textiles de chanvre et de lin, cellulose à tisser en matelas, laine de mouton. Toutes ces nattes remplaceraient avantageusement la laine de verre et la laine de roche.

Photo fournie par Re-Plast

Les planches de plastique recyclé de Re-Plast.

Photo fournie par Bourassa Maillé Architectes

Isolant en fibres textiles.