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Fin de la recherche sur les OGM en France

La parcelle de 1400 m2 de peupliers transgéniques, cultivée près d'Orléans depuis 1995, a été détruite. INRA photothèque / PILATE Gille

L'Inra a procédé ce week-end à la destruction de la dernière parcelle expérimentale. Les cultures transgéniques explosent ailleurs.

C'est par un simple communiqué publié pendant le week-end du 14 Juillet que l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) a annoncé, sur son site Internet, qu'il mettait fin à «un» essai OGM en plein champ. En l'occurrence, des peupliers transgéniques cultivés près d'Orléans depuis 1995, sur une petite parcelle de 1400 m2, pour étudier «l'effet de la modification de la biosynthèse des lignines sur les propriétés du bois». Le tout avec des applications potentielles dans l'industrie papetière et la production de biocarburants.

La poursuite de ces travaux était suspendue depuis plus d'un mois au renouvellement de l'autorisation délivrée par le ministère de l'Agriculture pour une nouvelle période de cinq ans. En l'absence formelle de réponse, la direction de l'organisme a préféré prendre les devants en procédant, dans la plus grande discrétion, à la destruction, par «dévitalisation», non pas d'«un» mais du dernier essai de culture OGM encore présent sur le territoire national. Du coup, depuis le 13 juillet au matin, la France, qui était dans le peloton de tête mondial en matière de recherches en biotechnologies à la fin des années 1990, est devenue un territoire «free of GMO» (exempt d'OGM) comme disent les Anglo-Saxons.

De quoi réjouir les écologistes, et notamment les Faucheurs volontaires qui vont fêter leur dixième anniversaire le week-end prochain près d'Orléans (et qui projetaient selon certaines sources, de venir détruire la parcelle de peupliers…) mais est-ce une bonne nouvelle pour le pays?

«Le fiasco est complet, déplore le biologiste Marcel Kuntz (CNRS-université de Grenoble)*. Les chercheurs en biotechnologies végétales ne peuvent plus faire maintenant d'essai OGM en plein champ. Les opposants ont cru combattre Monsanto mais, en réalité, c'est la recherche publique qui a été laminée. Pas moins de 80 essais menés par des instituts de recherche financés par des fonds publics ont été détruits en Europe depuis 1999. Tout cela ne doit rien au hasard, il s'agit d'une action coordonnée et systématique.»

L'Inra aura pourtant tout essayé pour engager le dialogue avec les opposants. Le comité de suivi mis en place de façon exemplaire par la station de Colmar (Haut-Rhin) autour de son essai de vigne OGM résistante au virus du court-noué, associant élus locaux et représentants du monde viticole, syndical et associatif, n'a pas empêché la destruction à deux reprises, en 2009 et 2010, de la parcelle expérimentale pourtant protégée par une clôture de deux mètres de haut, des caméras vidéo et des projecteurs. Surtout les chercheurs ont vu s'évanouir en quelques minutes cette formidable expérience de «démocratie scientifique» dans laquelle ils s'étaient investis sans compter. L'essai alsacien n'a pas été réimplanté et, à Orléans, l'Inra a préféré prendre les devants en se sabordant.

Pendant ce temps, en Angleterre, un organisme de recherche agronomique, le Rothamsted, est parvenu à protéger un essai de blé transgénique capable de sécréter une phéromone qui fait fuir les pucerons sans les tuer et évite, ainsi de recourir à des insecticides. Confronté l'an dernier à des menaces de destruction, les chercheurs britanniques ont lancé un appel à l'opinion publique et obtenu l'appui du gouvernement et la protection des forces de l'ordre. L'essai a été mené à son terme et renouvelé cette année. Preuve que c'est tout de même possible. D'autant que la culture d'OGM explose partout ailleurs qu'en Europe.

*Voir son blog www.marcel-kuntz-ogm.fr

Fin de la recherche sur les OGM en France

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77 commentaires
  • Michel THILLOUX

    le

    C'est une nouvelle démonstration de la puissance des Verts qui imposent au gouvernement des mesures qui sont loin de faire l'unanimité de ses composants.D'un trait de plume,on arrête la recherche scientifique sur les OGM mettant fin à des années de travail qui pouvaient déboucher sur des résultats favorables à notre économie.Quel danger pouvaient provoquer sur notre santé des eucalyptus génétiquement modifiés cultivés pour fournir une matière première aux usines de papier!!Les recherches dans beaucoup de pays sont passées au stade de la production.Sur le continent sudaméricain par exemple,on connaît parfaitement les raisons des récoltes monumentales de blé ,de maïs et de soja.Les exportations de ces produits ont grandi grace à l'utilisation d'OGM malheureusement pour certains cas de manière illicite.Ces céréales nourrissent localement le bétail mélangées à d'autres produits sous forme de granulés.On parle beaucoup de la"traçabilité" des produits importés mais il est bien difficile de connaître la vérité car les différentes opérations sur des produits terminés diluent la provenances des constituants.Il me semble que nous aurions du continuer nos recherches au même titre que pour les gaz de shiste et non pas perdre les laboratoires et les scientifiques qui travaillaient depuis des années sur ces sujets.Le gouvernement actuel comme tout gouvernement n'est pas éternel.Il pouvait laisser une porte entr'ouverte au futur afin que nous ne dépendions pas d'importations couteuses.

  • Christophe l

    le

    Les ogm sont néfastes pour la biodiversité et procurent des bénéfices à Monsanto car cette firme offre les semences ogm et avec ça... des pesticides monsanto!!! Les paysans pro-ogm ne sont pas plus riches qu'auparavant et certaines semences ogm deviennent malades à leur tour nécessitant encore plus de pesticides.
    Monsanto a déjà réussi à s'implanter en péninsule ibérique qui devient alors la porte d'entrée en Europe des ogm!
    Le but est que Monsanto contrôle le commerce agricole mondial.

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