Les pertes de DCNS vont peser sur les comptes de Thales

PARIS, 23 janvier (Reuters) - Thales a annoncé vendredi que DCNS, dont il détient 35%, prévoyait désormais pour 2014 une perte nette de l'ordre de 300 millions d'euros en raison de provisions liées à la diversification du constructeur naval militaire dans le nucléaire civil et à un contrat de sous-marins français.

Dans un communiqué, le groupe d'électronique et de défense précise ainsi que la contribution de DCNS à son résultat d'exploitation (Ebit) sera négative d'environ 100 millions en 2014 alors qu'elle devait être "proche de l'équilibre".

"Je pense que pour 2015, nous pouvons nous attendre à une contribution nulle de DCNS et ensuite à un redressement", a précisé lors d'une conférence téléphonique Pascal Bouchiat, le directeur financier de Thales, qui a jugé "improbable" une nouvelle provision liée à DCNS en 2015.

Hors impact de DCNS, Thales, dont les résultats annuels seront publiés le 26 février, a confirmé que sa performance en 2014 devrait être conforme à son objectif d'une stabilité des prises de commandes et du chiffre d'affaires et d'une progression de 5% à 7% de l'Ebit.

A travers ces provisions, DCNS paye notamment sa participation au projet de réacteur expérimental Jules Horowitz du Commissariat à l'énergie atomique à Cadarache (Bouches-du-Rhône), une activité bien éloignée de celle des anciens chantiers navals, spécialisés dans la construction de sous-marins et de navires de guerre.

Dans le cadre de cette diversification, DCNS s'est également lancé dans la construction d'un petit réacteur nucléaire sous-marin ainsi que dans une série de projets dans l'énergie marine renouvelable dont la rentabilité est pour certains hypothétique.

Une nouvelle équipe a été constituée début janvier autour du PDG Hervé Guillou, lui-même nommé en août dernier, afin de simplifier le fonctionnement de DCNS, de renforcer la maîtrise industrielle des projets et de développer les exportations.

Un nouveau plan stratégique doit ainsi être présenté d'ici fin juin, qui devrait se traduire notamment par l'abandon de certains de ces projets de diversification.

RENFORCER LA CULTURE ÉCONOMIQUE DE DCNS

Cette nouvelle équipe a également pour mission de renforcer la culture économique du groupe afin d'améliorer la rentabilité de ses projets, un sujet suivi de près par Thales et par son actionnaire principal, Dassault Aviation.

C'est en effet l'un des facteurs qui a pesé sur le contrat de sous-marins d'attaque Barracuda, à l'origine d'une partie des provisions passées dans les comptes 2014 et dont la rentabilité se révèle aujourd'hui inférieure aux projections initiales.

Ce programme, qui s'échelonne entre fin 2017 et 2029, porte au total sur six sous-marins - dont trois font l'objet de commandes fermes - pour plus de sept milliards d'euros.

"Sur les programmes navals, les audits ont mis en évidence une augmentation des coûts à terminaison, tout particulièrement sur le programme de sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda pour la France", a précisé Thales, soulignant que DCNS aurait désormais "une approche plus prudente sur ce type de programme".

A 15h20, le titre Thales (-4,4% à 47,39 euros) affiche la deuxième plus forte baisse de l'indice SBF 120, lui-même en hausse de 1,6%.

http://thls.co/1zCWjEg (Jean-Michel Bélot et Benjamin Mallet, édité par Dominique Rodriguez)