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Les emplois d'avenir peinent à démarrer, surtout dans les zones urbaines sensibles

Selon des chiffres obtenus par "Le Monde", 17 347 contrats ont été signés en six mois, loin de l'objectif fixé à 94 000 d'ici à la fin de l'année 2013.

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Publié le 29 mai 2013 à 11h50, modifié le 06 juin 2013 à 18h08

Temps de Lecture 4 min.

La principale mesure d'Hollande contre le chômage patine toujours autant, six mois après son lancement. Fin avril, selon les données obtenues par Le Monde, seuls 17 347 emplois d'avenir (hors éducation nationale) avaient été signés. Un retard que le gouvernement peine à résorber : en avril, par exemple, à peine 57 % des 9 091 emplois d'avenir prévus pour le mois dans toute la France ont effectivement été signés. Des chiffres qui viennent démentir le discours du gouvernement lorsqu'il assure que le déploiement se ferait à un rythme normal.

Officiellement, l'objectif des 100 000 contrats d'ici à fin 2013, dont 6 000 pour l'exception réservée aux apprentis professeurs de l'éducation nationale, est maintenu. Mardi 28 mai, on défendait à l'Elysée que le seuil des 25 000 emplois d'avenir, "professeurs" et "traditionnels" confondus, était désormais franchi, mais le ministère du travail veut attendre début juin pour communiquer les chiffres exacts du mois de mai.

Le plus problématique est que, selon les chiffres départementaux que Le Monde s'est procurés, la mesure peine en particulier à démarrer dans les zones qui en auraient le plus besoin, notamment en Seine-Saint-Denis. "On fait face à un énorme problème dans ce département", convient l'entourage de Michel Sapin, le ministre du travail et de l'emploi. Fin avril, à peine 165 contrats avaient été signés – en six mois – sur les 2 754 prévus pour l'ensemble de l'année pour le département, soit moins de 6 % du total.

> Lire aussi l'édito du "Monde" (zone abonnés) : Chômage : les contrats aidés ne suffiront pas

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Le département avait certes été logiquement très bien doté, mais un département rural comme le Lot-et-Garonne a signé depuis le lancement de la mesure autant de contrats que le "9-3" avec pourtant nettement moins de jeunes éligibles. Chargées du suivi des jeunes au chômage, "les missions locales fonctionnent mal en Seine-Saint-Denis et les collectivités ne font pas assez d'effort", estime-t-on au ministère pour expliquer ce retard. Les collectivités du département, plus pauvres que la moyenne, renâclent à s'engager sur l'embauche d'un jeune pour trois ans, même financée à 75 % par l'Etat.

Reste que ce constat est particulièrement inquiétant pour un dispositif qui était justement ciselé pour les jeunes sans qualification et ceux issus de zones urbaines sensibles (ZUS). Alors que le ministère du travail veut que 20 % des embauches concernent des jeunes issus de ZUS, ce taux atteignait difficilement les 14,6 % en avril. "Tous les dispositifs de politique de l'emploi mettent en général un peu plus de temps à se développer en Ile-de-France", plaide Jean-Patrick Gille, député PS (Indre-et-Loire), président de l'Union nationale des missions locales. L'Ile-de-France affiche un taux de réalisation particulièrement bas, avec à peine plus de 12 % des contrats prévus pour l'année signés fin avril. "Sur les 45 missions locales qui ont le moins prescrit en France, 20 sont en Ile-de-France", constate, dans un document, l'inspection du travail régionale.

D'autres départements urbains sont également en retard, comme les Bouches-du-Rhône et le Rhône. La mairie de Lyon n'a ainsi pas prévu d'embauche et "les communes des Bouches-du-Rhône ne jouent pas le jeu", a de son côté critiqué le préfet du département auprès de l'agence spécialisée AEF en pointant le faible engagement de la communauté urbaine de Marseille. "Il y a, d'une part, la volonté de ne pas perturber l'équilibre social de ces établissements, puis la crainte de devoir embaucher ces jeunes à l'issue de leur emploi d'avenir, comme ils avaient dû le faire avec les emplois jeunes", estime Hugues Parant. Si 90 % des jeunes embauchés ont bien un diplôme inférieur au bac, ce retard des zones urbaines pourrait amener les emplois d'avenir à tomber à côté de leur cible.

Seuls des départements très ruraux comme le Cantal, la Haute-Vienne ou la Haute-Loire ont ainsi dépassé la moitié de leur objectif annuel dès la fin avril. Dans les zones rurales, les missions locales assurent en général un suivi plus rapproché des jeunes en difficulté. Reste que des départements urbains, comme le Nord, affichent également de bons résultats. "La mairie de Lille fait un véritable effort en aidant les associations à recourir au dispositif", vante ainsi l'entourage de Michel Sapin. Même si la maire PS de Lille et initiatrice des emplois jeunes, Martine Aubry, a plaidé ouvertement pour un élargissement du dispositif aux jeunes diplômés, elle a joué le jeu.

Jusqu'ici, du ministère du travail à l'Elysée, on refuse d'ouvrir le dispositif aux plus diplômés, malgré les demandes insistantes au sein de la majorité. "Le principe même des emplois d'avenir est d'insérer les jeunes en difficulté", défend l'entourage de François Hollande. Pour répondre aux inquiétudes de certains députés, une réunion a bien été organisée à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Mais le cabinet de Michel Sapin y a rappelé que le dispositif avait été assoupli pour permettre des contrats plus courts et développer les embauches dans le secteur privé, pour lequel l'aide de l'Etat se limite à 35 % du smic. Les premières remontées régionales montrent pourtant qu'à la fin mai, les emplois d'avenir du secteur marchand ne concernent bien souvent qu'une poignée de jeunes par département.

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