Lenteurs de YouTube avec Free : l'Arcep suggère de changer d'opérateur

Aussi absurde que cela pourra paraître aux abonnés de Free, l'opérateur trublion et Google n'ont pas mis en place de pratiques discriminatoires pour l'accès à YouTube, selon l'Arcep. Le régulateur des télécoms a annoncé vendredi soir avoir clos son enquête administrative, alors qu'il avait été saisi en septembre 2012 par l'UFC-Que Choisir à la suite de nombreuses plaintes d'abonnés du FAI de Xavier Niel. Les faits sont incontestables : depuis un abonnement Free, quand on consulte YouTube, c'est incroyablement lent. Mais selon l'Arcep, rien d'illégal là-dedans, seulement une différence de qualité de service.

"Les capacités d'interconnexion et d'acheminement de trafic de données de Free sont congestionnées aux heures de pointe, dans un contexte de hausse constante des usages les plus consommateurs de capacités de transmission de données, à laquelle sont confrontés l'ensemble des FAI", explique l'Arcep, sans préciser pourquoi YouTube est largement plus accessible chez les concurrents. "L'enquête n'a pas mis en évidence de pratiques discriminatoires", ajoute le communiqué.

Le freenaute est libre de quitter Free

Coincé dans des prérogatives strictement encadrées, l'Arcep n'est pas mandaté pour réprimander un opérateur qui disposerait d'une mauvaise qualité de service, comme c'est le cas de Free sur YouTube. Concrètement, chaque opérateur est libre de ses choix pour le bon fonctionnement (ou non) de son réseau, et c'est aux clients de "voter" en choisissant une entreprise plutôt qu'une autre. Le régulateur ne se prive donc pas d'adresser une petite pique à Xavier Niel : "l'utilisateur est à même d'exercer son choix entre les différentes offres disponibles", explique-t-elle. Comme si ce n'était pas une évidence... L'Arcep et Free sont en froid depuis le déploiement du réseau de Free Mobile, à qui il avait attribué une quatrième licence de téléphonie mobile, mais qui n'avait respecté ses obligations que sur le papier, ridiculisant ainsi l'Autorité.

L'Arcep poursuit son communiqué relativement froid, en accusant aussi les tuyaux, puisqu'elle "rappelle que la qualité du service d'accès à l'internet perçue par l'utilisateur dépend, en premier lieu, de son installation technique et du raccordement final". En d'autres termes, l'internaute peut avoir l'impression que YouTube est lent à cause de sa connexion elle-même trop lente. Or, le problème dénoncé par l'UFC est bien une différence radicale d'expérience entre la navigation sur YouTube et sur les autres sites, dans des conditions pourtant comparables. Personne n'était disponible vendredi soir à l'UFC-Que Choisir pour commenter cette annonce.

La fin du communiqué relève d'une résolution ratée de l'ONU, quand tout le monde s'accorde sur un vocabulaire diplomatique n'impliquant aucune action. "Les modalités d'acheminement du trafic internet [...] par Free et par Google n'appellent pas de remarque particulière", et l'Arcep affirme qu'elle "maintiendra une attention vigilante" sur ces problématiques. Brrr !