Commentaire client

  • Commenté en France le 9 janvier 2015
    La médecine personnalisée, dite "de précision", émerge. Elle tend à anticiper le "soin" (défini comme "gérer les conséquences d'une maladie") pour s'ancrer dans la "prévention" (éviter la survenue d'une maladie). Finies la médecine taille unique, les séances de chimiothérapie inutiles, douloureuses et coûteuses, planifiées par "le système", parfois même après le décès du patient ! 99% des gens n'ont aucune idée de la révolution qui secoue le monde médical, car elle s'opère pour une large part en hôpital universitaire, là où on pratique la recherche. Or voici que d'ici une paire d'années, tout ce qui s'opère en recherche, sous les radars, va venir bouleverser la clinique. Progrès en génétique, découverte du fait que nous sommes un software (ADN) qui fabrique son propre hardware (protéines, cellules) : voici que la biologie passe en mode numérique, avec les lettres de l'ADN que l'on convertit en 0 et 1 et vice-versa ! Il est désormais possible de construire un virus à partir d'un fichier numérique, et, en sens inverse, de convertir un virus en fichier numérique. Nous parlons de virus biologiques, bien vivants ; non de virus d'ordinateur. Imprimer un vaccin ou un traitement à base d'insuline pour patient diabétique, chez soi, à partir d'une imprimante 3D ? Probable. Alors que les organes se comptent sur les doigts de nos mains, il n'en va pas de même pour la nouvelle médecine qui émerge en s'appuyant sur les données de notre génome, la puissance des processeurs de nos ordinateurs, les applis et le cloud. Bienvenue dans le monde du "Big Data" et du casse-tête réglementaire pour protéger la confidentialité des données de santé. Connaître l'avenir, c'est le préparer. Voilà qui vient bouleverser des siècles de paternalisme médical hérité en mode autosomique dominant. Et si on se penchait sur le mode récessif, jusqu'à développer le potentiel de la médecine de précision - celle de l'atome (la cellule), et non plus celle de l'organe ?

    Dans son livre "Le Patient va vous recevoir maintenant", Eric Topol, l'un des plus éminents médecins des Etats-Unis, examine ce moment d'anatomie médicale qu'il nomme "le point G comme Gutenberg". L'imprimerie a émancipé la connaissance qui était le monopole d'une élite. De même, les nouvelles technologies, du smartphone à l'apprentissage automatique généré par l'informatique dans les nuages, sont sur le point de démocratiser la médecine.
    Dans cette nouvelle ère, le patient va exercer le contrôle sur ses données, ce qui lui permettra de s'émanciper d'un paternalisme médical monopolisateur d'expertise. La compétence en matière de diagnostic va être relayée par l'ordinateur venant à remplacer le médecin dans bien des cas ; un moyen inédit de s'attaquer à des maladies où la médecine a échoué pointe déjà le bout de son nez : il s'agit de la prolifération en masse de gigantesques bases de données. Les bénéfices entrevus sont à couper le souffle. Pour autant, ces perspectives engendrent des difficultés d'une complexité vertigineuse. Le pouvoir médical établi va s'arc-bouter pour contrer cette révolution, la numérisation de la médecine ne manquera pas de placer nombre d'entre nous face à de sérieux dilemmes en matière d'intimité et de vie privée. Au bout du compte, le résultat qui nous attend vaut la peine : une meilleure santé pour tous, à visage humain.
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