DÉFENSE. Les chimiothérapies sont des traitements anticancéreux qui consistent à induire des lésions dans l’ADN des cellules tumorales afin de les empêcher de proliférer.
Mais de façon naturelle, les cellules de l'organisme sont constamment soumises à ce type d'agressions qui endommagent de façon plus ou moins importante notre ADN. Notre environnement est en effet plein d'agents chimiques, physiques ou de rayons qui agressent nos cellules. Les rayonnements ultraviolets émis par le soleil par exemple induisent de telles lésions.
Aussi, notre organisme s'est naturellement doté de mécanismes capables de réparer ces lésions. Si elles sont en principe nécessaires, ces stratégies de défense diminuent du même coup l'efficacité des chimiothérapies.
Diminuer la résistance des cellules au traitement
Une équipe de chercheurs dirigée par Frédéric Coin, directeur de recherche à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg (IGBMC) a donc cherché à bloquer ces mécanismes de réparation de l'ADN chez les patients atteints de cancer afin d’améliorer la chimiothérapie en diminuant la résistance des cellules au traitement.
Un des mécanisme identifiés par les chercheurs est le NER (Nucleotide Excision Repair). Celui-ci est capable de détecter une lésion puis de remplacer le fragment d'ADN endommagé par un fragment sain. Ainsi, l'équipe de Frédéric Coin s'est donc mis en quête d’une molécule inhibitrice de l’activité NER.
SPIRONOLACTONE. Ils ont ainsi testé près de 1200 molécules thérapeutiques et mis en évidence l’action de la spironolactone sur l’activité NER, un diurétique déjà utilisé pour le traitement de l’hypertension. Ils se sont aperçu que la spironolactone était une molécule inhibitrice de la réparation. Les chercheurs ont notamment montré que son action combinée à celle des dérivés de platine provoquait une augmentation importante de la cytotoxicité dans les cellules cancéreuses du colon et des ovaires.
Comprendre une amélioration de l'efficacité de la chimiothérapie cytotoxique qui vise à bloquer les divisions des cellules cancéreuses afin d’empêcher la prolifération tumorale.
Visualisation 1h après traitement, des protéines XPC (en rouge) et XPB (en vert) impliquées dans l’activité de NER. À droite, le traitement avec la spironolactone induit une dégradation rapide de XPB qui explique l’inhibition de la NER.
La spironolactone étant déjà utilisée par ailleurs, elle ne nécessite pas de nouvelle demande de mise sur le marché et ses effets secondaires sont déjà connus. Les résultats de cette étude publiée dans Chemistry&Biology laissent donc présager le développement rapide de nouveaux protocoles de chimiothérapie incluant la spironolactone.