Surnommé « le prince rouge » pour ses prises de position iconoclastes sur la monarchie marocaine, Moulay Hicham El-Alaoui, 50 ans, récidive. Dans le Journal d'un prince banni (Grasset), à paraître le 9 avril, le cousin de Mohammed VI dresse un portrait intime et féroce de la cour chérifienne, où il a été élevé. L'auteur, qui vit depuis 2002 aux Etats-Unis, plaide surtout pour l'abolition du Mahkzen, terme qui a donné en français « magasin » et qui désigne la cour, les institutions liées au palais et les proches conseillers du roi.
Pourquoi publier aujourd'hui un livre que vous avez commencé à écrire en 2007 ?
Moulay Hicham El- Alaoui : Dès le début des années 1990, j'ai peu à peu conquis ma liberté — ma liberté critique et ma liberté intellectuelle. Non seulement je l'ai conquise, mais je l'ai défendue bec et ongles. Ce livre est le couronnement de cette libre pensée à laquelle je suis très attaché. Petit à petit, j'ai subi une transformation qui m'a rendu étranger, non au Maroc, mais étranger à la famille et au milieu dans lesquels j'ai grandi. J'ai senti que, dans mon itinéraire, une séquence était fermée, et aussi que quelque chose avait profondément changé avec le « printemps arabe ». Tout ce que j'ai dit pendant des années trouve maintenant une actualité brûlante.
Je veux éclairer les gens, contribuer au débat et, dans ce cas précis, faire comprendre une partie de l'histoire contemporaine de mon pays. Je suis allé au cœur du réacteur. Beaucoup diront : « Vous êtes tombé du carrosse et vous cherchez à revenir. » Non. Dans ma culture, ce n'est pas comme cela que l'on revient. On revient en intriguant, en faisant amende honorable.
Vous affirmez ne prétendre à aucun rôle, mais vous ne vous interdisez rien…
C'est exact. On ne sait pas de quoi est fait l'avenir. Si l'occasion se présentait, j'apporterais ma contribution, mais je ne crois pas que cela viendra du Palais. Cela dépend de l'interaction de forces à un moment particulier : va-t-on vers un scénario de rupture, de changement apaisé ? Aucune idée ! Mais j'ai quitté ma maison, et je n'y reviendrai pas.
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