Une lectrice d''Asterix chez les Pictes', 35e album des aventures des irréductibles gaulois.

Une lectrice d''Asterix chez les Pictes', 35e album des aventures des irréductibles gaulois.

AFP

Astérix chez les Pictes, c'est le 35e album des aventures de la joyeuse troupe d'irréductibles Gaulois, mais aussi le premier opus à être réalisé sans Albert Uderzo ni René Goscinny, mort en 1977. Ayant finalement décidé que ses héros doivent lui survivre -à la différence d'Hergé avec Tintin-, Uderzo a donc passé le relais à Didier Conrad -aux dessins- et Jean-Yves Ferri -au scénario-. Résultat? Astérix chez les Pictes est un album (trop) prudent, qui ne manque pas de revenir aux sources, tout en s'adressant plutôt aux enfants qu'aux premiers fans. Il en ressort du bon et (surtout) du moins bon, comme Eric Libiot et Eric Mettout n'ont pas manqué de le remarquer.

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Les fondamentaux sont présents

On ne pourra pas dire d'Astérix chez les Pictes qu'il ne revient pas aux sources de la saga. Du tabassage de Romains (et de Pictes), de la bonne ripaille, de la cervoise (et de l'eau de Malt), des baffes aux bardes, des prises de becs entre Astérix et Obélix, des calembours et jeux de mots (Mac Abbeh, le méchant picte rouge, Mac Oloch, le gentil picte vert, Numérus Clausus, le Romain souffre-douleur), les pirates victimisés etc. Tous les ingrédients de la BD sont présents dans ce nouvel album, qui n'omet rien ou presque (on regrette Idéfix, qui ne sera pas du voyage, Obélix refusant, étrangement, de l'emmener avec lui... Trop compliqué à dessiner?).

Les bonnes vieilles ficelles sont tirées, mais on a l'impression que les deux auteurs ne vont jamais jusqu'au bout, égrainant leurs hommages aux deux légendes Uderzo-Goscinny sans pour autant creuser franchement. Pour les véritables connaisseurs d'Astérix, les blagues sonnent creux, loin du talent de Goscinny... Pas facile de remplacer un tel maître.

Un scénario sans (mauvaise) surprise

Astérix chez les Pictes est un album prudent. On peut comprendre les auteurs, qui manifestent ici leur grand respect de l'oeuvre et ne se risquent pas à un dérapage tel que Le Ciel lui tombe sur la tête. Mais cette prudence est aussi la cause de cette désagréable impression que l'aventure ne décolle jamais vraiment. On passe, avec un certain plaisir il est vrai, de page en page, de gag en gag, l'aventure est déroulée gentiment, sans accroc. Mais le scénario en manque justement, d'accros, de rebondissements, de coups de théâtre. On s'ennuie rapidement. Dommage.

Des dessins au niveau

Les dessins quant à eux sont respectés (quasiment) à la lettre. Un challenge loin d'être évident, tant on connaît le talent d'Uderzo. La preuve, un premier dessinateur a finalement abandonné devant la difficulté. Ceux qui cherchent la petite bête remarqueront tout de même que Taglabribus, chef romain, est parfois raté (page 20, case 1 et 2), que les expressions faciales des personnages sont surprenantes (Astérix, page 36) etc. Un fait d'autant plus étrange qu'Uderzo supervisait de près le travail de Conrad et Ferri, allant jusqu'à co-signer la couverture.

Dans l'ensemble, si cet Astérix n'est pas foncièrement mauvais, il n'est pas non plus génial. En tout cas pas au niveau de l'attente des fans. Il manque de substances pour lui donner goût. Pas sûr, par contre, qu'il déplaise aux non-initiés (s'il en existe encore). Le véritable test, finalement, consisterait à observer la réaction d'enfants lisant cet album, tant il semble leur être destiné.


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