Paris 2024 réfléchit à l'externalisation partielle des JO
Le comité d'organisation des Jeux de 2024 examine la possibilité de confier la gestion de certains sites à leur exploitant respectif. Soucieux de maîtriser son budget, Paris 2024 veut faire face à d'éventuels surcoûts consécutifs à la crise sanitaire.
La crise du coronavirus oblige Paris 2024 à revisiter en profondeur son projet et à faire en particulier pour la première fois de l'histoire des Jeux Olympiques le pari d'une forme d'externalisation.
« Nous avions déjà un modèle très différent des précédentes éditions. Ce sont les premiers Jeux d'une nouvelle ère (pour des Jeux axés sur le développement durable, NDLR). La crise est sans précédent. Elle nous oblige à aller beaucoup plus loin », a notamment déclaré, à ce propos, Michaël Aloïso, le directeur de cabinet du président de Paris 2024 Tony Estanguet .
Modèle de livraison
Dans ce contexe, le Comité d'organisation « intervient sur des champs différents », plus que jamais soucieux de tenir son budget (3,8 milliards d'euros), en dégageant là « des marges de manoeuvre » pour mieux investir ailleurs. Et c'est à ce titre, qu'est menée une réflexion sur « le modèle de livraison des Jeux ». En clair, il s'agirait de passer du modèle faisant du comité d'organisation le gestionnaire de l'ensemble des sites et de la partie événementielle des épreuves sans appel à la sous-traitance, à un modèle où il s'appuierait sur des partenaires « ensembliers » gestionnaires de site. « Les Jeux, ce sont cinquante championnats du monde », rappelle Michaël Aloïso, soit, observe-t-il, un potentiel d'« économies très substantielles ».
Paris 2024 « pourrait s'appuyer sur des exploitants de site, ou des fédérations ». Alors que le comité d'organisation « a des discussions en cours », le directeur de cabinet de Tony Estanguet souligne que la « réflexion » est « différente selon les disciplines ». « C'est une question d'équilibre entre coûts, complexité, et gestion du risque », argue-t-il. Interrogé sur le cas du tennis, dont les compétitions doivent se dérouler au stade Roland-Garros, Michaël Aloïso admet sans ambages que la Fédération française de tennis (FFT), propriétaire-exploitant, ferait figure de partenaire idoine.
Une première
« Cette réflexion, menée en accord avec le CIO, existait en réalité avant la crise sanitaire. C'est clairement une première. La crise sanitaire a pu la relancer », indique, de son côté, un fin connaisseur de la problématique. Selon cette même source, Paris 2024 aurait d'ailleurs déjà fait une sorte d'étude de marché afin de relever des options possibles. De quoi susciter l'intérêt par exemple des exploitants du Stade de France, de l'Accor Arena de Paris-Bercy (lieu d'accueil du basket), de la Paris La Défense Arena de Nanterre (gymnastique), ou de la FFT. Cette dernière peut même défendre une double candidature dans la mesure où les compétitions de boxe doivent également se dérouler dans son enceinte de la Porte d'Auteuil.
Reprise des chantiers
Par ailleurs, la crise sanitaire bouleverse la donne en matière de sponsoring. Pour autant, Paris 2024 ne renonce pas à son objectif de revenus, soit 1,2 milliard d'euros à collecter. « Le calendrier initial est forcément décalé. On a tous les cas de figure dans les entreprises. Pour certaines, ce n'est plus d'actualité. Pour d'autres, les discussions continuent. D'autres pourraient être intéressées, d'autant que le décalage des Jeux de Tokyo donne l'opportunité de valoriser davantage encore son partenariat en 2021 », commente Michaël Aloïso.
Enfin, côté chantiers, la crise sanitaire n'a pas, malgré leur arrêt forcé, provoqué de retard. « Depuis cette semaine, nous reprenons progressivement les chantiers de déconstruction sur le site du village olympique. Cet arrêt de 2 mois ne remet pas en cause le calendrier global de livraison des ouvrages début 2024, car nous avions anticipé les aléas de calendrier dans nos plannings prévisionnels et nous avons continué d'avancer sur les permis de construire et autres procédures », fait en effet savoir l'établissement public en charge des ouvrages olympiques et paralympiques Solideo.
Christophe Palierse