L'Assemblée débat de l'avenir du transport maritime

Par AFP

L'Assemblée de Corse entame jeudi un débat crucial sur l'avenir du transport maritime entre l'île et le continent, avec la volonté de créer une compagnie maritime publique insulaire, une ancienne renvendication nationaliste, dans un contexte marqué par l'imbroglio persistant autour de l'ex-SNCM.

Passée dans le giron de l'entrepreneur corse Patrick Rocca en début d'année, la compagnie maritime peine depuis à voir clair pour son avenir, qui pourrait passer par une fusion avec Corsica Maritima, un consortium d'entreprises insulaires lui-même candidat malheureux à la reprise de la SNCM. Une nouvelle décision dans ce dossier rocambolesque est attendu jeudi devant le tribunal de commerce de Marseille. Le lancement éventuel d'une compagnie maritime corse --un projet pour lequel Corsica Maritima a déjà signé un protocole d'accord-- renforce encore l'incertitude autour de l'avenir des 900 salariés de l'ex-SNCM reprise par Rocca, qui ne savent pas dans quel cadre leur nouvelle compagnie, rebaptisée Maritima Ferries, va devoir s'inscrire dans les mois à venir.

Dès jeudi, l'Assemblée de Corse, à majorité nationaliste depuis les élections territoriales de décembre dernier, va en effet débattre d'un rapport du président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale (CTC) Gilles Simeoni sur «les réflexions engagées en vue de la mise en place d'une compagnie maritime régionale».

A la veille de l'ouverture de cette session, le président de l'Office des transports de la Corse (OTC), Jean-Félix Acquaviva, a rappelé dans un entretien avec plusieurs médias dont l'AFP que «l'objectif était de parvenir à un partenariat public-privé». Le cadre juridique présenté par la CTC privilégie l'option de la société d'économie mixte locale dans laquelle elle détiendrait au moins 51% du capital. Le président de l'OTC, qui s'est déjà rendu deux fois à Bruxelles pour s'entretenir de «la sécurisation juridique du projet», considère que «la Commission européenne adopte une attitude de collaboratiion (...) tout en affichant sa neutralité».

Il présentera jeudi un calendrier resserré de consultations et de réunions de travail d'ici le printemps. Le projet de la CTC veut faire aboutir l'ancienne revendication nationaliste d'une maîtrise du transport maritime, comme elle existe depuis 26 ans dans l'aérien avec Air Corsica. Il prévoit ainsi que la gouvernance de cette nouvelle entreprise respecte «le droit de contrôle et la participation au débat stratégique de la CTC». Le siège de la compagnie serait en Corse et elle devrait mettre en oeuvre du pavillon français 1er registre, comme à la SNCM et à La Méridionale.

Risque de liquidation

«Un cadre juridique assurant la prise en compte de l'intérêt général dont la CTC est la garante» doit aussi être défini. Préalablement à la société mixte d'exploitation une société mixte d'investissement sera mis en place, la CTC ayant vocation à «être propriétaire exclusif des navires». Corsica Maritima, dont les membres sont essentiellement issus de la grande distribution, des transports et du BTP, et La Méridionale, dont le siège est à Marseille, ont déjà signé un protocole d'accord pour la création d'une telle compagnie, comme le Syndicat des travailleurs corses et la CFDT de Corse. Nouvelle venue sur le marché des liaisons Corse-continent, Corsica Maritima avait lancé en janvier une ligne de transport de fret, Corsica Linea.

Elle a démarré en janvier avec un cargo roulier battant pavillon danois bloqué plusieurs jours en rade de Marseille par des grévistes de l'ex-SNCM. Toutefois, l'incertitude demeure aussi autour du sort de Corsica Linea après la décision, lundi, du tribunal de commerce de Marseille de reporter au 1er mars un délibéré sur la légalité de cette ligne. Un recours avait été déposé, dénonçant le non-respect d'une clause de non-concurrence signée par les candidats à la reprise de la SNCM. L'imbroglio persiste aussi sur l'avenir de Maritima Ferries et le projet de fusion entre l'ex-SNCM et Corsica Maritima suscite l'opposition des syndicats de marins marseillais et de la CGT en Corse. En l'absence d'accord, Maritima Ferries risque la liquidation avec de graves conséquences sociales pour ses 900 membres du personnel issus de la SNCM, a estimé M. Acquaviva. pl/mdm/nm AFP

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