“Les fumées des feux de forêts en Indonésie entre les mois de juillet et d’octobre 2015 auraient provoqué la mort prématurée de 100 300 personnes, dont 91 600 Indonésiens, 6 500 Malaisiens et 2 200 Singapouriens. Ces victimes auraient succombé à des maladies cardio-vasculaires et respiratoires après avoir inhalé des particules fines toxiques en suspension dans l’air connues sous l’appellation de PM2,5.” The Straits Times de Singapour cite ainsi les résultats de l’étude menée par des chercheurs des universités américaines Havard et Columbia et rendue public le 19 septembre.

Publiée dans la revue spécialisée Environmental Research Letters, cette étude établit le nombre de morts en comparant l’épisode de feux de forêts de 2015 à celui de 2006. Pour cela, les scientifiques ont combiné les données satellitaires afin de suivre la propagation des nuages et de leur concentration en PM2,5 avec des modèles d’impacts sur la santé de l’exposition aux fumées toxiques.

Ainsi, à partir du modèle mathématique développé, les chercheurs ont calculé le nombre de décès qu’aurait provoqués cette pollution massive due aux gigantesques incendies de 2015, les plus importants depuis 1997.

Résultats plausibles ?

Les résultats de cette étude ont suscité de vives réactions en Indonésie, en Malaisie et à Singapour, où les populations ont été fortement touchées par les fumées.

Le quotidien indonésien Kompas rappelle que “le chiffre officiel de morts en Indonésie liées aux incendies de forêts est compris entre 19 et 23, avec plus de 500 000 personnes victimes de maladies respiratoires et 47 millions d’habitants affectés par les fumées.”

Dans The Straits Times, le chef de campagne pour les forêts de Greenpeace Indonesia, Yuyun Indradi, trouve les données de l’étude “alarmantes mais pas surprenantes” et appelle une fois de plus l’Indonésie à “cesser toute coupe forestière et assèchement de tourbière pour l’expansion des plantations de palmiers à huile, cause principale de ces feux”.

The Straits Times rapporte l’avis du Dr Jim Teo, pneumologue à au Mount Alvernia Hospital de Singapour, qui juge ces résultats “plausibles” étant donné que “de nombreux patients vulnérables, notamment ceux souffrants de maladies cardiaques chroniques, ont eu des symptômes plus marqués pendant les incendies”.

En Malaisie, le chef de cabinet du ministère de la santé, Dr S. Jeyaindran, s’est montré très sceptique vis-à-vis de ce rapport scientifique et a déclaré au quotidien The Star : “Nous n’avons enregistré l’année dernière aucun décès directement lié aux fumées.”

Incrédulité

Même scepticisme chez le ministre singapourien de la Santé, qui a déclaré au Straits Times que l’étude conduite par les universités Havard et Columbia “ne reflétait pas la situation réelle”.
Autre réfutation catégorique du porte-parole du ministère indonésien de la Santé, Mohamad Subuh, qui dit ne pas croire aux résultats de ces recherches. Selon lui, rapporte Koran Tempo, “le calcul statistique n’est pas approprié pour conclure à un nombre aussi important de décès. En Indonésie, nous avons un système éprouvé pour l’enregistrement des décès au niveau du chef du quartier, du département, de la province et enfin au niveau national.”