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Le vote latino, nouvelle clé du jeu politique

Les électeurs d'origine sud-américaine ont joué un rôle non négligeable dans les "swing states", particulièrement en Floride.

Par Isabelle Piquer (Correspondance)

Publié le 07 novembre 2012 à 12h01, modifié le 07 novembre 2012 à 18h06

Temps de Lecture 3 min.

A Milwaukee, dans le Wisconsin.

Les candidats à la présidence des Etats-Unis devront-ils désormais toujours passer par la case "latino" pour arriver à la Maison Blanche ? Ce vote, dont on parle depuis longtemps, semble finalement être devenu un fait incontournable de la vie politique américaine. Il a été l'un des facteurs décisifs de la victoire de Barack Obama qui, selon les premiers résultats, aurait remporté plus de 70 % des voix hispaniques.

Un peu plus de 12 millions de Latinos (11 % de l'électorat) ont voté mardi 6 novembre, soit. Cette année, ils se sont mobilisés comme jamais, en grande partie grâce aux "dreamers", ces jeunes sans papiers qui n'ont pas eu peur de réclamer à M. Obama la réforme migratoire qu'il leur avait promise. Ils ont obtenu une mesure provisoire qui a calmé le mécontentement des Hispaniques et permis aux démocrates de creuser leur avantage face aux républicains.

Les Latinos ont joué un rôle non négligeable dans les "swing states", particulièrement en Floride (16 % de l'électorat), au Nevada (15 %) et dans le Colorado (14 %), mais aussi dans les Etats où, malgré leur faible présence, ils auraient contribué à départager les candidats, en Virginie (4 % de l'électorat) et en Pennsylvanie.

La stratégie de Mitt Romney a donc été un véritable échec. Tout au long de la campagne, et plus particulièrement durant les primaires républicaines, le candidat s'est toujours montré favorable à "l'expulsion volontaire" des immigrés clandestins, et proposait de durcir leurs conditions de vie jusqu'à l'usure pour les "encourager" à partir. "Laissons-les faire leur choix", affirmait-il lors d'un débat avec M. Obama. Début octobre, il a essayé de nuancer sa position en déclarant au quotidien Denver Post qu'il ne reviendrait pas sur les permis de travail temporaires accordés en juin aux "Dreamers". Mais c'était déjà trop tard.

L'immigration n'est pas ce qui préoccupe le plus les Latinos. Dans la plupart des sondages, le sujet n'arrive souvent qu'en quatrième position derrière l'économie, l'éducation et le logement. Mais c'est le thème le plus symbolique et celui qui les touche de plus près. Le clandestin est quelqu'un que l'on connaît, que l'on côtoie, un ami, un membre de la famille.

Le résultat de M. Romney auprès de l'électorat hispanique est bien inférieur à celui de ses prédécesseurs : John McCain remportait 31 % du vote latino en 2008, et George W. Bush, 44 % en 2004.

Un bureau de vote à Los Angeles, le 6 novembre.

STRATÉGIE "PATHÉTIQUE"

Les républicains vont donc devoir repenser leur stratégie, et l'inquiétude est palpable. "Si nous traitons les Latinos comme les Afro-Américains, nous sommes voués à l'échec", déclarait, il y a quelques semaines, Karl Rove, ancien stratège électoral du président Bush. "Nous avons adopté un langage qui les rebute", en particulier sur l'immigration, ajoutait M. Rove. Jeb Bush, l'ex-gouverneur de Floride, avait affirmé lors de la convention de Tampa, fin août. "La démographie du pays est en train de changer, et nous devons, non pas changer le noyau de nos croyances, mais le ton et l'intensité de notre message."

Mardi soir, l'ancien prétendant républicain à la Maison Blanche et présentateur sur Fox News, Mike Huckabee a, lui, qualifié de "pathétique" la stratégie de son parti envers les minorités.

Les républicains comptaient sur le fait que les Latinos étaient socialement conservateurs pour recruter de nouveaux sympathisants. Mais là encore, les choses changent. Les Hispaniques semblent adopter des idées de plus en plus libérales. Selon une enquête récente de l'institut Pew, plus de la moitié d'entre eux soutient désormais le mariage homosexuel.

L'un des scénarios cauchemars, pour les républicains, c'est le Texas, où les Hispaniques sont maintenant tellement présents (26 % de l'électorat) qu'ils pourraient convertir cet Etat traditionnellement républicain en un nouveau "swing state". Ce serait un vrai bouleversement de l'échiquier politique : le Texas est l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis après la Californie. Et l'on sait ce qui s'est passé là-bas avec le parti républicain : il a, pour ainsi dire, disparu.

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