Publicité

LA GRANDE VOGUE DES CHAMBRES D'HOTES

Les 200 plus belles chambres d'hôtes du « Figaro Magazine » : une sélection réalisée pour vous à travers la France. Toujours plus nombreuses, toujours plus chics, elles sont le reflet du goût des Français pour des vacances « ailleurs, mais comme chez soi ». Synonymes de convivialité et de terroir, elles ont, en ces temps d'incertitude, un rôle subtil à jouer. Histoire d'un succès.

Elles sont désormais en ville comme à la campagne ; dans les fermes comme dans les châteaux ; aménagées avec simplicité ou une déco dernier cri et tous les équipements high-tech requis... Elles sont près de 70 000 à travers toute la France, et il s'en ouvre 1 000 de plus chaque année : ce sont les maisons d'hôtes, de petites entreprises qui connaissent peu la crise et viennent de tenir leur premier salon à Paris (www.passionchambresdhotes.fr). «Le succès des chambres d'hôtes est lié au fait que les vacanciers ne s'y retrouvaient plus, entre une hôtellerie souvent standardisée et des villages de vacances trop animés», explique Didier Arino, directeur de Protourisme. En fait, leur multiplication reflète combien les habitudes en matière d'hébergement ont changé en France ces dernières années. Si l'hôtellerie traditionnelle conserve son rang et ses atouts, animée par de véritables professionnels, parallèlement, le public surfant sur la vague des « vacances vertes » s'est tourné vers un tourisme plus proche de ses préoccupations, où l'accueil et le contact avec les habitants sont primordiaux. «Ce que les gens recherchent aujourd'hui, c'est la compagnie plutôt que la société. Le trésor des chambres d'hôtes est là: elles vendent une convivialité», analyse le sociologue Jean-Didier Urbain *.

Le saviez-vous ? Si ce mode d'hébergement est né en Angleterre (avec les fameux Bed &Breakfast), les premières chambres d'hôtes françaises ont été créées au moment des Jeux olympiques de Grenoble, en 1968. Les personnalités politiques se sont vite aperçues que les hébergements étaient en nombre très insuffisant en Isère pour accueillir le public des Jeux, et ont demandé aux villageois d'ouvrir leurs fermes contre rémunération. L'offre est aujourd'hui considérable et le maillage territorial complet. «Le confort des Français ayant beaucoup évolué, les maisons d'hôtes sont, elles aussi bien sûr, montées en gamme, confirme Clotilde Mallard, directrice des opérations des Gîtes de France. Le phénomène déco, l'engouement pour le jardin, toutes ces tendances se sont fortement accentuées ces dernières années. Les chambres d'hôtes ont gagné leurs lettres de noblesse et peuvent être un palliatif aux petits hôtels2 ou 3étoiles.»

Mais attention aux illusions : il est difficile d'en vivre ! Transformer son chez-soi en maison d'hôtes, c'est «souvent une solu-tion alternative qui véhicule son lot de rêves, reprend Jean-Didier Urbain.Je sors de cette civilisation citadine pour renouer sans trop de heurts avec une société plus conviviale, parce que ce type de métier concilie à la fois le goût et l'intérêt; parce que l'on peut recevoir, même en période creuse, un couple un soir, et dîner avec eux comme si c'était de vieux amis, puis les voir disparaître le lendemain; cela a un côté quasi psychanalytique...»

Un chiffre d'affaires moyen de 20 000 € par an

Méfiance, donc, devant les titres accrocheurs du genre : «Changez de vie! Ouvrez une maison d'hôtes!» «Autrefois, ceux qui accueillaient chez eux avaient souvent déjà un patrimoine et n'ont fait que l'entretenir ou le rénover pour l'exploiter. Aujourd'hui, vous avez des gens qui ont quitté la ville, ont parfois créé des lieux extraordinaires et se sont endettés. Là, certains ont des destins assez rudes», conclut Clotilde Mallard, forte de son expérience au sein des Gîtes de France, le premier label français en matière de chambres d'hôtes. Ses statistiques sont sans appel : le chiffre d'affaires moyen d'une maison d'hôtes avec trois chambres tourne autour de 20 000 euros par an. Le résultat varie ensuite selon de nombreux critères : si l'on propose une table d'hôtes, si la maison est très haut de gamme dans une région touristique, si l'on a cinq chambres... ce chiffre d'affaires peut alors être bien supérieur.

En 2008, Protourisme dénombrait 24 000 propriétaires de chambres d'hôtes avec en moyenne trois chambres chacun. Le nombre d'adresses a progressé régulièrement au cours des dix dernières années. Les maisons d'hôtes constituent 7 % des lieux d'hébergement touristique en France, mais ne représentent qu'une offre limitée en raison des petites capacités : environ 1 % de l'offre d'hébergement (en nombre de lits). Parmi les propriétaires de chambres d'hôtes, 14 000 ont choisi de rejoindre un label national : 10 500 sont Gîtes de France (44 % de l'ensemble des propriétaires et 75 % des propriétaires labellisés), 2 500 propriétaires sont Clévacances, 550 Fleurs de soleil, 270 Accueil paysan et 135 Bienvenue au château ; 10 000 propriétaires ne sont pas adhérents de ces principaux labels.

Historiquement, donc, les chambres d'hôtes étaient chez l'habitant, en zone rurale. Un marché qui a vite atteint ses limites. «En France, les chambres d'hôtes se sont positionnées plutôt dans les châteaux et les bâtiments historiques», constate Didier Arino. Et voilà qu'aujourd'hui - c'est une autre tendance de fond -, il s'en ouvre beaucoup en ville, avec des adresses de grande qualité, que ce soit à Paris, Bordeaux ou Lille. La clientèle des chambres d'hôtes s'avère désormais très sensible à l'harmonie entre le lieu et la déco intérieure, réclame parfois des télévisions à écran plat, le Wi-Fi... Elle recherche certes l'authenticité, un accueil chaleureux, une structure à taille humaine, mais tout en restant en contact avec sa tribu et sa planète. Ce qui a parfois de quoi désorienter les propriétaires, poussés vers une professionnalisation de plus en plus marquée. «On assiste à une montée en gamme très forte; une recherche de services de plus en plus variés, avec les prestations du petit déjeuner, les tables d'hôtes, la demande d'acti vités et d'accompagnement, par exemple pour les chambres d'hôtes dans les vignobles», conclut le directeur de Protourisme. Certaines maisons disposent de piscines et de Spa. Encore un petit effort, et nous allons redécouvrir... l'hôtel !

LA GRANDE VOGUE DES CHAMBRES D'HOTES

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
9 commentaires
    À lire aussi