Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

En Pennsylvanie, des juges touchaient des commissions pour envoyer des jeunes en prison

Deux juges de Pennsylvanie ont touché plus de 2,6 millions de dollars de pots-de-vin pour condamner des centaines d'enfants et d'adolescents à des peines excessives dans des prisons ou des camps disciplinaires privés.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 19 février 2009 à 15h48, modifié le 19 février 2009 à 15h57

Temps de Lecture 2 min.

Deux juges de Pennsylvanie, Mark Ciavarella, 58 ans, et Michael Cohahan, 56 ans, ont touché plus de 2,6 millions de dollars (2 millions d'euros) de pots-de-vin pour condamner injustement des centaines d'adolescents à exécuter des peines dans des camps disciplinaires privés.

En décembre 2002, les deux juges du comté de Luzerne en Pennsylvanie, demandent et obtiennent la fermeture du centre de détention juvénile de leur comté, au motif qu'il était trop vétuste. A partir de 2003, lorsqu'un jeune est condamné, il est envoyé dans un centre de détention privé, PA Childcare ou Western PA Childcare, qui reçoit en échange des fonds de la part du comté de Luzerne pour couvrir les frais d'incarcération. En échange, les deux juges reçoivent des fonds qu'ils ont placés dans une société, en Floride. Il n'y a plus qu'à lancer le système.

Au total, quelque 5 000 jeunes de 13 à 18 ans ont été jugés coupables entre 2003 et 2006 dans cette ancienne région minière pauvre à majorité blanche. Plus de 2 000 d'entre eux ont été envoyés en détention, relève le Juvenile Law Center, une organisation de défense des jeunes, située à Philadelphie. Issus de familles dévaforisées et peu instruites, "les jeunes étaient des cibles faciles. Beaucoup d'entre eux n'avaient même pas d'avocats et quand ils demandaient un avocat commis d'office, on leur disait qu'il faudrait attendre des semaines", indique Marie Roda, porte-parole du Juvenile Law Center.

"J'AI DÉSHONORÉ MA FONCTION DE MAGISTRAT"

Une adolescente, Hillary Transue, a été envoyée pendant trois mois dans un camp de redressement pour avoir fait une fausse page sur Myspace moquant le principal adjoint de son collège. Un garçon a été envoyé pour neuf mois en détention pour avoir volé un flacon d'épices de noix de muscade d'une valeur de 4 dollars. Un autre jeune a été condamné à trois mois de détention pour avoir volé de la monnaie dans une voiture. Un garçon de 13 ans envoyé en camp de redressement plusieurs week-ends pour avoir exploré un bâtiment désaffecté.

Le Juvenile Law Center va déposer en fin de semaine les plaintes de plusieurs dizaines de familles, après qu'elles eurent appris que leur enfant avait été envoyé injustement en détention. D'autres familles ont porté plainte séparément. Les deux juges sont accusés de conspiration pour fraude contre les Etats-Unis. Ils ont reconnu devant un tribunal fédéral de Pennsylvanie avoir "conclu un accord pour garantir la fourniture de jeunes délinquants" auprès des deux sociétés privées d'exploitation de prisons. "Il est vrai que j'ai déshonoré ma fonction de magistrat, reconnaît Mark Ciavarella. Par mes actes, j'ai détruit tout ce que j'avais accompli par mon travail, et je ne peux que me blâmer moi-même."

La Cour suprême de Pennsylvanie a nommé un magistrat qui va revoir tous les cas traités par ces juges corrompus. En reconnaissant leur culpabilité, les deux juges, qui ont été suspendus mais laissés en liberté, risquent un minimum de sept ans de prison. Il peuvent être condamnés à une peine supérieure, allant jusqu'à vingt-cinq ans de détention. Leur jugement ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois.

Le Monde avec AFP et Reuters

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.