Le froid intense pousse les Français à faire fonctionner leurs radiateurs à plein régime... si bien que des records de consommation d'électricité et de gaz pourraient être atteints la semaine prochaine. Le "black-out", panne générale résultant d'un déséquilibre entre la demande et la production d'électricité, n'est cependant pas encore à l'ordre du jour.
"Au niveau national, il n'y a pas de risque aujourd'hui, dans le sens où les moyens de production nationaux disponibles et les importations d'électricité des pays voisins permettent de répondre à la consommation d'électricité telle qu'elle est prévue", assure Hervé Mignon, directeur de l'économie, de la prospective et de la transparence chez Réseau de transport d'électricité (RTE), filiale d'EDF qui gère le réseau haute tension français.
DES IMPORTATIONS PONCTUELLES
"Lors des vagues de froid hivernales, lorsqu'il y a un degré Celsius de moins, cela correspond à 2 300 mégawattheures (MWh) de consommation supplémentaire, l'équivalent du double de la consommation de la ville de Marseille", rappelle-t-il. Selon le RTE, le sommet historique de consommation d'électricité nationale, 96 710 MWh le 15 décembre 2010, pourrait être dépassé et atteindre à 98 700 MWh lundi. L'estimation sera néanmoins affinée en fonction des prévisions de Météo France. Pour cet hiver, le pic a été atteint jeudi à 19 heures avec 96 377 MWh. A ce moment précis, le solde énergétique de la France, qui préfère importer ponctuellement de l'électricité plutôt que de mettre en route d'onéreux moyens de production, était déficitaire de 1 200 MWh.
Les centrales nucléaires, qui produisent près des quatre cinquièmes de l'électricité nationale (77,7 % en 2011) sont mal adaptées à une hausse rapide et ponctuelle de la demande. Elles sont longues à démarrer, produisent en continu et requièrent une maintenance importante. Et en France, la consommation électrique est plus sensible au froid que dans certains de nos voisins, comme l'Allemagne, à cause du suréquipement en chauffage électrique. Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), près d'un tiers des foyers en sont pourvus. Une fragilité nationale qui, selon l'Observatoire du nucléaire, "démontre la faillite de l'option française nucléaire plus chauffage électrique".
ÉCOWATT ACTIVÉ
Au-delà du choix stratégique en faveur du nucléaire, le prix de l'électricité reste bas par rapport aux autres pays européens, et les ménages ne sont donc pas vraiment incités à contrôler leur consommation. Pour limiter les risques de tension sur le système électrique, RTE a donc activé son dispositif Ecowatt pour la première fois cette saison. La Bretagne, le Var et les Alpes-Maritimes, "régions les plus fragiles face au risque de coupures", ont été placées en "alerte orange" : éclairage contrôlé, chauffage baissé, veille des appareils coupés, tels sont quelques-uns des gestes citoyens suggérés aux milliers de volontaires inscrits.
Outre ce dispositif de sensibilisation, de gros investissements ont été engagés. L'objectif étant d'augmenter les capacités de production de ces zones et de renforcer les réseaux électriques pour réduire leur dépendance par rapport aux régions voisines.
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