"Des paroles et des actes" - François Fillon en leader tranquille

La prestation du Premier ministre a été technique et impassible face à une Martine Aubry pugnace, jeudi soir, sur France 2.

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Les échanges entre Martine Aubry et François Fillon étaient techniques, jeudi soir, dans
Les échanges entre Martine Aubry et François Fillon étaient techniques, jeudi soir, dans "Des paroles et des actes", sur France 2. © France 2/AFP

Temps de lecture : 2 min

Une semaine après le duel tendu entre François Hollande et Alain Juppé, François Fillon visait au moins trois objectifs ce soir, lors de l'émission Des paroles et des actes sur France 2. D'abord, défendre le bilan de Nicolas Sarkozy, donc le sien. Il s'y est employé de façon convaincante, quoique assez technique et "à la Fillon", c'est-à-dire austère, sérieuse, sans doute sincère. C'est d'ailleurs la marque du Premier ministre, qui rappelle à plusieurs reprises qu'il "fuit les lumières" et rechigne à parler de lui. C'est là qu'il est le moins à l'aise, lorsqu'il s'agit d'évoquer sa personne.

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Deuxième objectif pour Fillon, démonter le projet socialiste porté sur ce plateau, la semaine précédente, par François Hollande. "La gauche explique toujours qu'elle va revenir sur tout, mais ne revient sur rien." Contrairement à Nicolas Sarkozy, le président courage, le réformateur que rien, affirme-t-il, n'arrêtera : "Personne ne pourra dire que nous avons fait preuve de lâcheté." Mais, toujours, il se montre respectueux envers chacun, rappelant qu'il ne sous-estime en rien François Hollande.

Gentleman Fillon

Dernier objectif : préparer l'avenir, son avenir. On ne saura pas grand-chose de ses visées sur Paris. "Ce n'est pas un sujet d'actualité", balaie le Premier ministre tout en s'inquiétant du devenir de la capitale comme grande ville mondiale. "On verra le moment venu qui sera le mieux placé", conclut-il avec ce regard mêlé de sérieux et de goguenardise, qui, jamais, ne l'a quitté tout au long de l'émission.

Mais l'avenir de François Fillon ne s'arrête pas à Paris. Le Premier ministre vise plus loin, vers l'Élysée, bien qu'il s'en défende. "Après, je me garde toutes les options", lâche-t-il, énigmatique. Il devait donc éviter de trébucher, comme Alain Juppé l'a fait face à François Hollande, la semaine dernière. Face à une Martine Aubry pugnace, il s'est montré pondéré, inébranlable, impassible, encaissant les coups sans broncher. Certes, le débat fut technique, axé sur des batailles de chiffres et sur la TVA sociale, les moyens de relancer la croissance ou la politique de logement. Mais Fillon était en terrain connu, tout comme Martine Aubry d'ailleurs. Le ton n'est pas monté, gentleman Fillon ménageant avec habileté son interlocutrice. Ce soir, sur les trois tableaux, le Premier ministre a rempli ses objectifs.

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Commentaires (193)

  • hope for France

    Vous vous focalisez sur les inégalités en France, le pays le plus égalitaire d'Europe ! Une étude récente de l'OCDE a démontré que dans les 10 dernières années, les écarts de revenus, après prélèvements, en France, sont restés stables, tandis qu'ils se creusaient dans l'immense majorité des pays qui nous entourent et ce, sous l'effet en particulier des difficultés économiques.
    Car, ce que vous ne voyez pas, avec les lunettes socialiste à la française, c'est que les difficultés économiques creusent la plupart du temps les inégalités sociales, mais croire que l'on va résoudre ces difficultés avec un rouleau compresseur est une erreur fondamentale du socialisme : pour sortir des difficultés économiques, un pays a impérativement besoin de croissance, or la croissance se crée à la marge, par l'incitation individuelle à s'enrichir.
    Il est évident qu'il est nécessaire, moralement et pour préserver une cohésion sociale, d'aider les gens en difficultés, mais il ne faut pas que le remède aggrave le mal. Si un pays ne crée pas suffisamment de croissance, nous savons que les aides sociales financées par de nouveaux impôts, ou de l'emprunt, ne seront pas viables, car ces impôts et emprunts nuiront évidemment à la création de richesses, surtout dans un monde ouvert et en compétition. Il faut garder nos riches, nos entreprises prospères et au contraire, tenter de les attirer, plutôt que de les faire fuir, c'est une évidence que nos voisins ont comprise.
    De plus, votre discours est inadapté à la situation française, car ce pays, même avec Sarkozy, consacre 32 % de son PIB aux transferts sociaux, soit le plus haut taux d'Europe ! Contrairement à ce que dit la propagande socialiste, la France est un pays très solidaire et la solidarité lui coûte très cher, en termes de prélèvements obligatoires, de croissance et de chômage, car il y a évidemment un lien entre les uns et les autres, même s'il n'est pas politiquement correct de le dire. C'est pour ces raisons que les sociaux démocrates européens savent que la France est un pays de gauche, économiquement et socialement.
    Enfin, il ne faut jamais oublier, malgré la vénération de nos socialistes pour le "partage", comme solution à tous nos maux, que "faire maigrir les gros n'a jamais fait grossir les maigres".
    En d'autres termes, les socialistes font fausse route en croyant que les riches sont riches, parce que les pauvres sont pauvres... Cette vision de l'économie était vraie au moyen âge, mais ne correspond plus à l'économie moderne.

  • drareg

    Depuis 17 ans et plus particulièrement ces cinq dernières années, l'écart de revenus entre les 10% les plus riches des Français et les 90% des autres Français a pulvérisé des records d'injustice. Il n'est qu'a lire les journaux relatant les augmentations de salaires, les dividendes, les stocks options, les primes diverses, les retraites "chapeaux", que s'offrent nos héritiers de la fortune et de lire les pourcentages de chômeurs de sans abri, de précaires, de pauvres Français, jusqu'aux travailleurs pauvres, pour ne pas rechercher dans quelques vaines idéologie d'autres raisons de vouloir chasser la droite du pouvoir. Le bon sens Monsieur, le bon sens suffit aux Français de coeur, pour réclamer plus de justice, plus d'égalité entre les "hommes". Est'il bien utile de conserver aux frontons de nos monuments l'affirmation de l'Egalité de la Fraternité et de la liberté, si ces simples et nobles idéaux sont à ce point ridiculisés ?

  • hope for France

    Je ne cherche pas à défendre Sarkozy, même si je pense qu'au royaume des aveugles... Ce que vous ne voyez pas, c'est que la droite française, même avec le "vilain" Sarkozy, est la plus à gauche d'Europe, car partout ailleurs, la droite est libérale et la gauche social-démocrate. Ce que vous ne comprenez pas, c'est que les acquis sociaux ne sont viables que s'ils sont financés par une économie prospère. Or, la France a distribué des acquis sociaux à crédit, depuis 30 ans, sans se préoccuper des conséquences économiques, car "l'intendance suivra". Mais, l'intendance, ce sont les marchés, les prêteurs, les entreprises et tous ceux qui financent le système social le plus généreux du monde. La question est de savoir si nous avons les moyens de continuer à financer ce système très coûteux, sans mettre en péril l'essentiel. Beaucoup pensent qu'il n'est que temps de dire la vérité, cette vérité qui vous semble odieuse. Regardez une fois encore ce que cette vérité a obligé les pays dirigés par les sociaux démocrates européens, hors de France, à faire : Zappatero, Papandréou, Monti, Schroder avant eux ont compris qu'il fallait tenir compte du fonctionnement de l'économie et préserver avant tout la création de richesses, malgré un certain niveau d'inégalités sociales, avant de distribuer ces richesses. Nos socialistes pensent encore l'inverse et n'ont rien à voir avec les sociaux démocrates. Souvenez-vous d'un certain DSK, qui en 2007 disait qu'il fallait "changer le logiciel socialiste" ; or c'est l'inverse qui s'est produit, le socialisme français a fait un retour en arrière, en interprétant la crise économique comme la fin du capitalisme, ce qui fut une grave erreur.
    Le jour où la France se trouvera obligée de réduire de 10% de PIB ses dépenses publiques, pour revenir à la moyenne européenne, vous comprendrez que Sarkozy était économiquement un homme de gauche européen... Le discours anti-riche du PS est de la communication, pour mobiliser les militants les plus virulents, mais tous les fiscalistes savent que la France, aujourd'hui, est loin d'être un paradis pour les riches, comparée à ses voisins. Il est insupportable d'entendre encore, en 2012, les discours caricaturaux à la Georges Marchais, surtout de la part de gens qui ne sont vraiment pas des prolétaires révolutionnaires !