L'Europe, épicentre de la crise, s'accroche à sa stratégie sur la dette

L'Europe, épicentre de la crise, s'accroche à sa stratégie sur la dette

© 2011 AFP

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L'Europe, épicentre de la crise actuelle, s'est accrochée contre vents et marées cette semaine à Washington, devant le FMI ou au sein du G20, à sa stratégie sur la dette, en dépit des multiples pressions du reste de la planète qui exige davantage.

"L'épicentre de la crise est aujourd'hui l'Union européenne", a souligné dès jeudi le ministre brésilien, Guido Mantega, en marge des assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.

Or, "les pays européens traînent à trouver des solutions", s'est-il agacé, au nom des pays émergents du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

Les émergents ne sont pas seuls à tancer la zone euro. Les Européens doivent ériger un "pare-feu" pour éviter la "catastrophe", a lancé le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner. Le monde attend une réponse "rapide", a renchéri le gouverneur de la banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan.

Malgré ces pressions, venues s'ajouter à celles des marchés --en chute libre en raison notamment des craintes liées à la zone euro--, les Européens n'entendent pas céder.

"Nous avons une méthode, une stratégie et un calendrier", a résumé le ministre français des Finances, François Baroin, dont le pays préside actuellement le G20 des principaux Etats riches et émergents.

Les suggestions n'ont pourtant pas manqué, à commencer par un défaut de paiement de la Grèce, solution souvent présentée comme seule susceptible de sortir la zone euro du bourbier grec.

"La Grèce ne devrait pas et ne fera pas face à un défaut", a répliqué samedi le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Les Européens ne le permettront pas car cela "provoquerait des dégâts économiques et sociaux énormes" dans "toute l'Union européenne", avec des "répercussions graves pour l'économie mondiale", a-t-il affirmé.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a lui aussi défendu la ligne officielle. "Je ne nie pas les risques possibles de notre stratégie pour résoudre les problèmes de la zone euro. Cependant ces risques sont considérablement plus faibles que les risques inhérents à n'importe quel scénario alternatif", a-t-il expliqué, sans citer explicitement le défaut.

Pour autant, les Européens devraient au moins annoncer clairement qu'ils se préparent à une telle éventualité, cela rassurerait les marchés, a conseillé Georges Soros, milliardaire américain à la tête d'un fonds spéculatif.

"Le chemin est difficile: si on dit qu'on ne se prépare pas à un défaut, on a l'air naïf, mais si on dit qu'on s'y prépare, juste au cas où, il y a un fort risque auto-réalisateur", a rétorqué un responsable européen, sous couvert d'anonymat.

Il faut donc s'en tenir au plan du 21 juillet, martèlent les Européens, quitte à accepter du bout des lèvres qu'on puisse le modifier.

Outre une nouvelle aide à la Grèce de 160 milliards d'euros, ce plan élargit le rôle du Fonds européen de stabilité financière (FESF), autorisé à racheter de la dette publique. Mais beaucoup pensent qu'il faut aussi renforcer ses ressources, limitées à 440 milliards d'euros.

"On ne peut pas augmenter le montant, les Allemands ne veulent pas. Mais on peut trouver des solutions techniques pour maximiser son effet de levier", a expliqué un dirigeant européen, sous couvert d'anonymat.

Quant au Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours permanent appelé à remplacer le FESF mi-2013, l'accélération de sa mise en place n'est pas exclue. "Le plus tôt sera le mieux", a déclaré M. Schäuble, soulignant qu'un mécanisme permanent est plus à même de rétablir la confiance.

Autre problème qui accroît la nervosité des marchés: le plan du 21 juillet n'est toujours pas en vigueur. Il le sera d'ici mi-octobre, ont assuré les Européens. D'ici là, il faut tenir et ensuite faire la preuve avant le sommet du G20 à Cannes, début novembre, qu'il fonctionne, a résumé un dirigeant européen.