Menace de dégradation de la France : la note en questions

L'agence de notation Moody's a donné trois mois à la France pour prouver qu'elle méritait toujours sa note Aaa. Un coup de semonce qui pourrait forcer Paris à de nouvelles mesures de rigueur.

Menace de dégradation de la France : la note en questions

    L'AVERTISSEMENT DE MOODY'S EST-IL UNE SURPRISE?

    Non. « Tous les experts savent que la France est le pays classé Aaa qui a les finances publiques les plus fragiles », rappelle Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. Et depuis la dégradation, en août dernier, de la note américaine, le gouvernement sait que la menace est réelle. « Les agences ont très mal pris le manque de sérieux du budget 2012, construit avec une hypothèse de croissance de 1,75%, beaucoup trop optimiste », poursuit le spécialiste. De fait, François Baroin, ministre de l'Economie, a reconnu hier que cette estimation était « probablement trop élevée » et pourrait être revue en dessous de 1,5%.

    QUELS SERAIENT LES EFFETS D'UN ABAISSEMENT DE LA NOTE?

    Le triple A permet à la France, déjà lourdement endettée, d'emprunter sur les marchés à un taux très bas. « Si on perd cette note, nos taux vont flamber », explique Nicolas Bouzou. D'autre part, les deux tiers de la dette française sont détenus par des non-résidants. « Ils arrêteraient immédiatement d'acheter nos emprunts si notre note est moins attractive », alerte Marc Touati, directeur des études économiques chez Assya Compagnie financière. « D'autre part, cette hausse se répercuterait à l'ensemble des emprunts faits par les entreprises et les particuliers, ce qui pénaliserait encore davantage la croissance. »

    LA FRANCE PEUT-ELLE Ã?VITER LA DÃ?GRADATION?

    « Nous sommes au pied du mur, prévient Marc Touati. Avec 57% du PIB investi dans les dépenses publiques, la France a l'un des niveaux les plus élevés du monde. Il n'est plus possible de continuer dans cette voie. » Pour rassurer les agences, des mesures comme la taxe sur les sodas sont largement insuffisantes, préviennent les experts. « Le budget qui est actuellement en discussion au Parlement est mort-né. Il prévoit 12 Mdsâ?¬ d'économies alors qu'il en faut 30 », assène Nicolas Bouzou. Les décisions prises au sommet européen prévu dimanche vont être regardées de très près. « Le message de Moody's, c'est aussi de ne pas mettre trop d'argent dans la recapitalisation des banques », estime Laurence Boone, chef économiste pour l'Europe chez Bank of America. « Je ne crois pas à une dégradation à court terme, mais la France doit impérativement améliorer l'efficacité de sa dépense publique. »