L'ex-ministre libéral Tony Tomassi est accusé de fraude contre le gouvernement et d'abus de confiance. Plusieurs autres accusations devraient être déposées avant Noël contre des figures importantes du milieu de la construction, a appris La Presse.

M. Tomassi s'est rendu mardi matin aux bureaux de la Sûreté du Québec à Montréal. Trois chefs ont été déposés contre lui - deux de fraude et un d'abus de confiance.

On l'accuse d'avoir accepté un avantage, une récompense ou un bénéfice de la part de Luigi Coretti, patron de BCIA, alors que cette firme était en négociation avec le gouvernement. Avant d'être ministre, M. Tomassi avait utilisé une carte de crédit de M. Coretti pour payer ses factures d'essence, et ce, même s'il recevait déjà une allocation de l'Assemblée nationale pour payer ses dépenses de transport. Le député aurait essayé d'influencer le gouvernement en échange de cette faveur.

L'enquête sur ce dossier a été confiée à la nouvelle Unité permanente anticorruption (UPAC) plus tôt cette année. Le mois dernier, le Directeur des poursuites criminelles et pénales avait demandé aux enquêteurs d'amasser encore plus de preuves.

«Dans ce dossier, l'enquête se poursuit toujours et il n'est pas impossible que d'autres personnes puissent faire face à la justice. Nous ne ferons cependant aucun commentaire supplémentaire afin de ne pas nuire à cette enquête, ni au processus judiciaire en cours», a déclaré par voie de communiqué le patron de l'UPAC, Robert Lafrenière.

M. Tomassi comparaîtra au palais de justice de Québec le 14 novembre.

«Qu'il démissionne!»

Québec solidaire demande au député indépendant de Lafontaine de démissionner. «Je comprends la présomption d'innocence, mais on parle ici d'un élu qui aurait utilisé sa fonction pour frauder le gouvernement, qui aurait abusé de la confiance de la population», lance son cochef, Amir Khadir.

Le critique du Parti québécois en matière de sécurité publique, Stéphane Bergeron, demande quant à lui à M. Tomassi de «s'interroger sur son avenir». Si M. Tomassi reste en poste, le nouveau commissaire à l'éthique et à la déontologie pourra se pencher sur ce cas dès janvier prochain, ajoute M. Bergeron.

Le péquiste rappelle qu'une enquête est normalement faite sur chaque nouveau membre du Conseil des ministres. «Ou il n'y a pas eu d'enquête, ou ces faits sont passés entre les mailles. Dans les deux cas, c'est préoccupant», lance-t-il.

M. Bergeron se dit aussi «étonné» de la durée de l'enquête. «S'il a fallu 18 mois pour enquêter sur l'utilisation d'une carte de crédit, combien de temps faudra-t-il pour infiltrer le crime organisé et révéler l'ampleur de la corruption et de la collusion, qui coûtent 4 milliards par année aux Québécois?», demande-t-il. «Cela prouve à nouveau qu'il faut une commission d'enquête publique», renchérit M. Khadir.

Le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) avait aussi enquêté sur M. Tomassi. Aucune accusation n'a été déposée au terme de l'enquête.