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Le dalaï-lama pense «sans urgence» à sa succession

Le dalaï-lama et Stéphane Hessel, à Toulouse. JEAN-PHILIPPE ARLES/REUTERS

Le chef spirituel des Tibétains a achevé, lundi à Toulouse, sa 14e visite en France, très discrète sur le plan politique.

Ils ont presque vingt ans d'écart et semblent partager une même jeunesse d'esprit. Le dalaï-lama, lui-même, a plaisanté à ce sujet, lundi, à Toulouse, devant Stéphane Hessel, 94 ans. L'auteur du célèbre best-seller Indignez-vous était venu introduire, devant près de 10.000 personnes, la dernière conférence du chef spirituel des Tibétains, sur le thème du «Bonheur». Il achevait là trois jours d'enseignement sur «Les étapes de la méditation» devant près de 10.000 personnes.

«J'ai toujours considéré le bonheur, a déclaré Stéphane Hessel, comme la “marchandise” la plus riche pour tous les échanges. Il faut être heureux pour donner du bonheur. Il faut aimer le bonheur contre tout ce qui l'empêche d'être ce qu'il doit: la jalousie, la haine et l'intolérance. Nous devons écouter le dalaï-lama dans le souci de mêler la sagesse de l'Orient et la sagesse de l'Occident et faire de ces deux grands ensembles un ensemble harmonieux.»

Ravi, le dalaï-lama a confié, avant de prendre la parole pour une longue conférence centrée sur le «bonheur altruiste, clé du bonheur personnel», que sa rencontre avec Stéphane Hessel l'avait comme rajeuni : «Souvent, je me considère comme une vieille personne, a-t-il lancé devant une salle passée soudain du recueillement au rire, mais je me sens plus jeune devant un homme aussi expérimenté !»

Une autorité morale

Samedi, celui qui vient de remettre, à 75 ans, sa charge de responsable politique du Tibet, le 8 août dernier, à un premier ministre démocratiquement élu, Lobsang Sangay, avait d'ailleurs ouvertement évoqué, lors d'une conférence de presse, la question de sa succession spirituelle. Ou plutôt, le fait qu'elle n'est pas vraiment à l'ordre du jour même si, en septembre prochain, le dalaï-lama va soumettre ce sujet lors d'une réunion de responsables boud­dhistes tibétains.

Autant il affirmé sa «joie» et sa «fierté» d'avoir pu «sortir de l'hypocrisie» car «le temps était venu» et «d'avoir fait sans pression et sans contrainte ce qu'il prônait », à savoir «séparer complètement le pouvoir politique et le pouvoir spirituel», autant les consultations qu'il a déjà lancées au sujet de sa succession spirituelle conduisent, rapporte-t-il, à une même réponse: «Il n'y a pas urgence.» Quelqu'un lui ayant même glissé: « La première chose est que vous viviez longtemps!»

D'autant que la succession du 14e dalaï-lama est liée dans la vision boud­dhiste à celle de sa propre «réincarnation». Et de cela, «personne ne peut décider à ma place », a-t-il lancé, « ma réincarnation, cela me concerne, et personne d'autre ». En tout cas, pas le gouvernement de Pékin qui considère «la religion comme un poison et le dalaï-lama comme un démon. Je trouverais un peu fort que le gouvernement athée cherche la réincarnation d'un démon !»

Celui qui apparaît, plus que jamais, comme une autorité morale de rang mondial a également commenté l'actualité la plus récente. La crise financière, où il a fait part de sa «préoccupation» pour les conséquences concrètes qui peuvent affecter la vie de millions de gens tant l'économie a une «place importante». Et les révolutions du monde arabe pour lesquelles le Prix Nobel de la paix a rappelé qu'il est «toujours bien meilleur d'éviter la violence» et de privilégier le «dialogue» car «la violence qui appelle la violence » est «contre la nature humaine».

Le volet politique a toutefois été extrêmement discret pour cette 14e visite en France du chef spirituel des Tibétains où aucune personnalité politique nationale ne s'était déplacée, sinon une dizaine de députés et sénateurs du groupe d'études sur le Tibet, reçus, lundi matin, par le dalaï-lama.

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