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Le monde secret des châteaux forts

Pierrefonds, un rêve de Moyen Âge

Publié le par La rédaction de Détours en France

À l'orée de la forêt de Compiègne, le château préféré de l'impératrice Eugénie semble tout droit sorti d'un conte de fées. Construit au XIVe siècle, démantelé au XVIIe... C'est finalement Viollet-le-Duc qui en a fait cet édifice majestueux, signant ainsi sa vision du Moyen Âge.

On pourrait penser que Pierrefonds est trop beau pour être vrai et qu'il ne peut exister qu'au cinéma ! Il n'en est rien et l'impératrice Eugénie ne s'y est pas trompée, qui, dit-on, n'aurait pas hésité à user de tricherie pour que Napoléon III décide de le faire restaurer.

Des tours rondes, des toits pointus, un donjon, des échauguettes, un double chemin de ronde, une chapelle, des mâchicoulis, un pont-levis… Il ne manque rien à Pierrefonds pour en faire Le château, celui des rêves d'enfant et des émerveillements d'adulte.

De ruine à château de conte de fée

Quand Napoléon III hérite de Pierrefonds, acheté une bouchée de pain par Napoléon Ier, il tombe sous le charme des ruines de la résidence de Louis d'Orléans, datées du XIVe siècle : nous sommes en plein romantisme et les ruines ont la cote. Mais l'empereur, qui est un passionné d'archéologie, veut en faire quelque chose.

Il confie la restauration à Eugène Viollet-le-Duc, qui a déjà travaillé sur la basilique de Vézelay et Notre-Dame-de-Paris. Très vite, l'architecte modife le projet initial : il ne se contente pas de remettre le donjon en état mais étend le chantier à tout le château et en fait un véritable musée du Moyen Âge.

Dans un autre registre: il ressemble un peu moins à un château de princesse, mais n'en reste pas moins une merveille architecturale. Découvrez sans plus attendre le château de Combourg.

Ce qu'il faut voir du castel

Une enceinte de 110 mètres de long sur 90 de large, ponctuée de huit tours presque semblables, qui portent le nom de huit preux de la légende chevaleresque, Alexandre, Arthur, César, Charlemagne… L'ensemble est majestueux et ordonné.

La cour intérieure

L'impression est tout autre quand vous pénétrez dans la cour intérieure : des éléments juxtaposés sans règle apparente, dans un style très néogothique. Regardez les colonnes qui soutiennent la galerie : courtaudes et massives, elles ne sont pas du tout esthétiques ! Viollet-le-Duc les a voulues efficaces : elles ont la forme de leur fonction.

La décoration est foisonnante, empruntée à un bestiaire fantastique comme on l'aimait au Moyen Âge : sur les chapiteaux de la galerie, des épisodes du Roman de Renart ; descendant d'une meurtrière, un gros lézard ; ici, un étrange mammifère à tête de pélican paraît tout droit sorti d'un tableau de Jérôme Bosch. Et amusez-vous à compter les chats sur les lucarnes : il y en a 32 !

La chapelle, le donjon et les appartements

1 - Cette magnifique pièce n'est rien d'autre que la Chambre de l'Impératrice.
2 - Chef-d'oeuvre de Viollet-le-Duc, dotée d'une rose représentant une étoile de David la chapelle de style néogothique est unique en son genre : une tribune surmonte l'abside et donne accès à un chemin de ronde couvert.

La chapelle. Viollet-le-Duc y est allé de sa fantaisie : il s'est représenté sur le pilier central du portail, sous les traits de Saint Jacques le Majeur ! À l'intérieur, notez un fait unique : une tribune au-dessus du choeur.

Le donjon et les appartements impériaux vous réservent quelques surprises. Le décor du plafond de la Grande Salle avec sa décoration végétale, par exemple, a un petit air d'Art nouveau. Dans cette pièce, amusez-vous à retrouver les symboles du couple impérial : l'aigle est sur les poutres, le chardon d'Eugénie en haut des murs.

Viollet-le-Duc rend ici hommage à Napoléon III comme Bodo Ebhardt l'a fait à Guillaume II au Haut-Koenigsbourg, dans la salle du Kaiser. L'empereur allemand est d'ailleurs venu à Pierrefonds avant que ne soit restauré le château alsacien.

La salle des Preuses

La salle des Preuses l'une des rares puèces à avoir été complètement décorée, mesure 50 mètres de long. Sa cheminée monumentale à double foyer est ornée des statues des neuf "preuses" : l'impératice Eugénie et ses dames de compagnie figurées sous les traits d'héroïnes de l'Antiquité, reines ou guerrières.

Depuis la chambre de l'Empereur, passez dans la salle des Preuses, qu'on pourrait qualifer de salle de bal. Ses proportions sont impressionnantes : 52 mètres de long pour 12 de haut et 9 de large.

Elle doit son nom aux statues qui décorent l'imposante cheminée : l'impératrice Eugénie et ses dames de compagnie figurées sous les traits d'héroïnes de l'Antiquité, reines ou guerrières, comme Sémiramis ou les Amazones. Toujours l'idéal chevaleresque !

Alors Pierrefonds, rénovation ou création ?

Les deux, dans un savant mélange qui n'a pas toujours été du goût de tous. Marcel Proust voyait dans les travaux comme à Pierrefonds des « déjections », Anatole France qualifait le château d'« énorme joujou ». Il est certain que Viollet-le-Duc, emporté par sa passion, a dû éprouver beaucoup de plaisir à « reconstituer » ainsi un château médiéval.

Mais loin d'être dictés par la fantaisie, ses travaux s'appuient toujours sur des recherches très sérieuses, dont on retrouve le détail dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle. À l'image du système défensif dont il a pourvu les tours de Pierrefonds, avec deux chemins de ronde superposés, au niveau des courtines, qui assurent une meilleure circulation des défenseurs.

Viollet-le-Duc s'est peut-être amusé à jouer à la guerre au Moyen Âge, mais il en avait parfaitement compris les mécanismes : Pierrefonds en est la preuve.

Ce castel est géré par le Centre des Monuments Nationaux.

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