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Football : "Une politique globale de gestion du supportérisme est essentielle"

Un livre vert du "supportérisme" a été remis lundi à la secrétaire d'Etat aux sports avec pour ambition de mettre en place une politique globale de gestion des supporteurs de football.

Par Propos recueillis par Anthony Hernandez

Publié le 25 octobre 2010 à 17h04, modifié le 08 novembre 2010 à 15h23

Temps de Lecture 4 min.

Commandité par l'Etat, un livre vert du "supportérisme" a été remis lundi à la secrétaire d'Etat aux sports, Rama Yade. Réalisé suite au premier congrès des associations de supporteurs, ce rapport a pour ambition de réfléchir à une politique globale de gestion des supporteurs de football. Nicolas Hourcade, sociologue à l'Ecole centrale de Lyon, est un des neuf membres du comité de rédaction du livre vert. Il présente les réflexions et les orientations contenus dans ces travaux.

Quelle est la genèse de ce livre vert du supportérisme ?

Le projet a pris forme il y a environ un an avec la mort de Brice Taton, le supporteur toulousain tué à Belgrade, et également avec différents incidents qui ont eu lieu en France. Le premier congrès des associations de supporteurs, organisé en janvier sous l'égide du secrétariat aux sports, a été la première étape d'une réflexion devant conduire à la mise en place d'un volet préventif au nécessaire traitement répressif de la violence.

Que pensez-vous justement de ce traitement répressif ?

La mort de Yann Lorence [le 17 mars], supporteur du PSG, a constitué un tournant puisque la violence dans le football est devenue une priorité pour le ministère de l'intérieur. La répression des comportements graves et délinquants autour et dans les stades est évidemment absolument nécessaire. Mais il faut une politique cohérente et constante dans le temps. Jusqu'à présent, nous avions en France une gestion au coup par coup. Or, la création d'une division nationale de lutte contre le hooliganisme semble être le signe d'un traitement adéquat de ce problème. L'intérêt du livre vert réside dans la démonstration que tous les pays qui ont obtenu de bons résultats en la matière sont ceux qui ont mis en place une véritable politique globale de gestion du supportérisme.

Qu'entendez-vous par politique globale ?

Il paraît judicieux de coupler les volets répressif et préventif avec la prise en compte de mesures éducatives et sociales. Mais il faut également adapter la répression, qui se doit d'être proportionnelle à la gravité des faits. L'arsenal législatif français permet de gérer la situation du noyau dur des comportements graves commis par des personnes violentes de façon récurrente. Des dispositifs moins durs et préventifs doivent être pensés pour gérer la masse de petits problèmes que l'on rencontre dans les stades. Une question fondamentale se pose également : comment intégrer les supporteurs dans le monde du football ? Une ambiguïté existe en effet à ce niveau en France. D'un côté, on admet leur rôle essentiel, de l'autre, on constate leur non-représentation au sein des instances de ce sport.

Le rapport se réfère à des exemples étrangers à ce sujet…

Oui, nous avons travaillé sur la situation de quatre pays, à savoir l'Angleterre, l'Allemagne, la Belgique et l'Italie. Les Anglais ont appliqué une politique générale combinant un volet répressif et d'autres volets. L'augmentation considérable du prix des places a en particulier été utilisée. Elle ne nous paraît pas transposable en France, du fait de la sélection sociale qu'elle engendre et de l'économie même du football français.

Le modèle allemand nous a semblé en revanche plus intéressant et a été mis en avant dans le livre vert. En plus du préambule répressif de traitement de la violence, les Allemands ont élaboré une politique d'accueil différencié du public dans leurs stades : "Si je veux rester debout et chanter, je peux aller dans les kops, si je veux rester assis et assister au match en famille, je prends place dans les tribunes assises, enfin je peux également m'installer dans les loges pour le business." Cette action permet de tenir compte de la fête populaire qu'est le football avant tout. Il y a enfin en Allemagne une véritable implication des pouvoirs publics et des instances du football dans les "fans projects", chargés de mener travail et dialogue social. Cela permet d'apaiser les tensions.

On met souvent en avant les exemples anglais et allemands mais n'a-t-on pas tout simplement délocalisé ces violences loin des stades et des regards ?

Tout d'abord, il est vrai qu'aucun pays n'a jamais réussi à éradiquer la violence dans le football. Mais on peut avoir deux lectures concernant la délocalisation des violences loin du stade dans ces pays. La première consiste à dire que l'on a juste déplacé le problème et la deuxième l'interprète comme un moyen de circonscrire les violences à des individus spécialement réunis pour cela, à distance du public des stades. Pour ma part, je pense qu'il faut avoir une lecture mixte de ce constat. Il est essentiel d'avoir réussi à éliminer la violence des stades mais il faut aller au fond du problème et continuer à le traiter. C'est d'ailleurs ce qui pourrait être fait dans un plan global de gestion du supportérisme.

Quelles mesures sont contenues dans le livre vert ?

L'idée fondamentale était de promouvoir des bonnes pratiques, de reproduire des actions efficaces. La première chose nous a paru être la création de droits et devoirs des supporteurs. A ce titre, la signature de conventions tripartites entre les clubs, les associations de supporteurs et les collectivités locales semble essentielle. Le rapport préconise des plans d'actions dont le but est de créer les conditions de confiance nécessaires aux bonnes relations entre les différents acteurs concernés. Concrètement, il serait judicieux de parvenir à fédérer au niveau local les associations et de les intégrer aux instances des clubs. Plus largement, ces associations doivent être reconnues comme partie prenante de la famille du football.

Après sa présentation, quelle sera la suite de ces travaux ?

Ce rapport propose un esprit, un plan global de traitement des violences dans le football. Le but n'est pas d'apporter des mesures clés en main. C'est maintenant aux différents acteurs de se saisir de ces travaux. Il serait positif d'arriver à créer un cadre national et local de gestion de ces problématiques.

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