Après Prodi, Berlusconi ? Il est trop tôt pour dire si, dans le chassé-croisé auquel se livrent les deux hommes depuis le milieu des années 1990, Silvio Berlusconi retrouvera un jour le Palazzo Chigi, siège du gouvernement italien, où Romano Prodi expédie les affaires courantes depuis sa démission, le 24 janvier.
Une chose est sûre : à la faveur de la crise, "il Cavaliere", 71 ans, a retrouvé toute sa place au centre de la scène politique. C'est en partie de lui que dépend l'issue des consultations entreprises par le président de la République, Giorgio Napolitano, pour sortir du blocage institutionnel.
Lorsque viendra son tour d'être reçu par le chef de l'Etat, mardi 29 janvier, l'ancien président du Conseil réaffirmera son souhait d'aller immédiatement aux urnes plutôt que vers un gouvernement de transition. "Si nous n'obtenons pas des élections anticipées, je crois que des millions de personnes iront à Rome pour les réclamer", a averti M. Berlusconi, dimanche.
GAUCHE DIVISÉE
Pour lui, "la campagne électorale est lancée". Sans l'assentiment du patron de Forza Italia, le premier parti italien, comment espérer mettre sur pied un exécutif de transition capable de mener à bien des réformes institutionnelles, au premier rang desquelles celle du mode de scrutin ? "Pour le moment, la synthèse est impossible", a reconnu M. Napolitano, à l'issue de ses premiers entretiens.
En lançant "un appel sincère au sens de la responsabilité nationale de toutes les forces politiques", Walter Veltroni, secrétaire du Parti démocrate (PD), né à l'automne 2007 de la fusion entre les Démocrates de gauche (post-communistes) et la Marguerite (d'inspiration démocrate chrétienne), cherche à prolonger la durée de vie de la législature. Il "déconseille un recours aussi hâtif aux élections sous prétexte que la victoire est assurée", demandant aux partis de droite d'attendre une nouvelle loi électorale. Deux mois peuvent suffire, selon lui.
M. Berlusconi peut compter sur l'appui de ses alliés. "L'Italie n'a pas besoin d'un gouvernement d'unité nationale mais d'un gouvernement qui se mette à travailler immédiatement, après avoir été légitimé par le vote des citoyens", a insisté Gianfranco Fini, leader d'Alliance nationale. La populiste Ligue du Nord exige "des élections, sinon ce sera la révolution armée". Même les centristes de l'UDC, qui avaient pris leurs distances avec M. Berlusconi, se disent disponibles pour aller aux élections "dans l'unité et la cohésion" avec le centre-droit.
La gauche, en revanche, qui veut dans son ensemble éviter les urnes alors que le gouvernement sortant battait des records d'impopularité, est plus divisée que jamais. A l'intérieur même du Parti démocrate, les tensions s'exacerbent. Il est reproché à Walter Veltroni d'avoir remis en selle "il Cavaliere". En instaurant avec lui un dialogue pour la réforme électorale, murmure-t-on, le maire de Rome l'aurait légitimé à nouveau comme chef de l'opposition, alors même que ses alliés s'attaquaient à son leadership.
M. Berlusconi a aujourd'hui les mains libres, alors que les sondages accordent au centre-droit une dizaine de points d'avance. Ses proches évoquent la possibilité d'une grande coalition. "Mais après les élections", a déclaré à La Repubblica l'ancien ministre de l'économie Giulio Tremonti. "Si, au sein de la gauche, il y avait des personnes de bonne volonté prêtes à partager avec nous certaines responsabilités pour des réformes peut-être impopulaires, nous ne dirions pas non", a confirmé M. Berlusconi.
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