Faut-il y voir les stigmates de la crise grecque ? Plus de 10 ans après sa création, la monnaie unique semble avoir perdu de ses attraits en Europe. C'est l'un des enseignements du sondage réalisé en juin dans onze pays de l'Union européenne (UE) à l'initiative du German Mashall Fund (GMF) et publié mercredi 15 septembre. Une majorité de personnes interrogées (57%) considère que l'euro a été une mauvaise chose pour l'économie de leur pays.
La France décroche la palme des mécontents avec 60% d'opinions négatives, soit le pourcentage le plus élevé de tous les Etats de la zone euro. Curieusement, elle devance donc l'Allemagne (53%) qu'on disait pourtant en plein divorce avec la monnaie unique.
"Ces chiffres sont un signal d'alarme, l'expression d'un mécontentement, d'une frustration au sein de la zone euro", analyse Bruce Stokes du GMF, qui a participé à la réalisation de l'enquête. Pourtant, affirme le chercheur, il ne faut pas les sur-interpréter. "Tous ces pays seraient-ils prêts pour autant à quitter l'euro pour revenir à leur ancienne monnaie ? Nous avons réalisé en mai un sondage sur ce sujet en France, en Allemagne et en Espagne, et la réponse était non, à une très nette majorité."
C'est la première fois que le German Marshall Fund intègre la question de l'euro à son enquête annuelle. Il n'est donc pas possible d'évaluer dans quelles proportions l'euroscepticisme a fleuri dans le sillage de la crise des derniers mois. Une crise qui a révélé les failles de l'Union monétaire et mis son existence en péril.
Hors de la zone, l'euro ne séduit pas davantage. Sans surprise, le rejet est particulièrement prononcé en Grande-Bretagne : 83% des personnes interrogées estiment que son adoption serait préjudiciable à l'économie britannique. En Pologne non plus (57%), la monnaie unique n'est pas un eldorado, quand bien même le pays devrait y adhérer à l'horizon 2015.
Selon les conclusions du GMF, si l'euro souffre d'un déficit d'image, les Etats européens ne semblent pas pour autant mettre en doute la construction européenne. Pour une majorité de sondés (57%), les difficultés économiques que rencontre le Vieux continent doivent être l'occasion de renforcer l'UE.
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