Démographie médicale : l'immigration par l'absurde

mercredi 5 mai 2010

En matière d’immigration le pont aux ânes du politiquement correct est le suivant : « les étrangers prennent les boulots que les Français ne veulent pas faire. » Une thèse totalement démentie par la démographie médicale. Chaque année des dizaines de milliers d’étudiants français qui veulent devenir médecins sont éliminés par un numerus clausus impitoyable. Certains se tourneront alors vers la profession d’infirmier.

Dans le même temps des milliers d’étrangers ayant obtenu plus facilement leur diplôme dans leur pays d’origine sont autorisés à exercer en France. Le Quotidien du médecin du 4 mai révèle que le système de soins français a absorbé, en 2009, 3.300 médecins étrangers pour seulement 3.500 jeunes issus de l’université française.

Une politique contre l’emploi français cogérée par les syndicats et le patronat

Cette situation est le résultat d’un numerus clausus établi par la sécurité sociale. C'est-à-dire par les syndicats et le patronat qui la cogérent. L’idée était la suivante : réduire le nombre des médecins pour réduire l’offre de soins et donc les dépenses. Or comme la population vieillit et que la demande médicale s’accroit, le système a un besoin croissant de médecins. S’étant délibérément placées dans l’impossibilité d’en trouver en France, les autorités de santé se tournent alors vers l’importation de main-d’œuvre étrangère, d’ailleurs sous payée dans les hôpitaux. Résultat, des Français qui pourraient être médecins exercent comme infirmiers. Et des étrangers qui n’auraient pu obtenir en France que le diplôme d’infirmier exercent comme médecins!

Gouvernement, syndicats et patronats réussissent ainsi un triple exploit : contribuer au maintien du chômage en France, développer des injustices et dégrader la qualité des soins.

Pour compléter l’information de ses lecteurs Polémia joint cet article paru le 4 mai dans Le Quotidien du médecin.

Polémia

Médecins étrangers versus médecins français

Match nul en 2009.

Le phénomène est conjoncturel mais inédit et spectaculaire. Alors que la réglementation évolue pour l’intégration en France des médecins diplômés en Europe ou hors UE, le système de soins français a absorbé l’an dernier quasiment autant de praticiens à diplômes étrangers – autour de 3 300 – que de jeunes issus de l’Université française – autour de 3.500.

L’An dernier en France, presque autant de médecins dits « étrangers » sont arrivés sur le marché du travail que de médecins français à l’issue de leur cursus. Cette affirmation est un peu caricaturale car les situations sont complexes ; elle décrit également un phénomène très conjoncturel, théoriquement appelé à ne se reproduire que deux années encore. Elle n’en est pas moins spectaculaire et symptomatique des difficultés actuelles de la démographie médicale.

Si les médecins « à diplôme français » parachutés en 2009 dans le système de soins sont relativement faciles à identifier – ce sont ceux qui ont commencé leur formation universitaire une dizaine d’années plus tôt, à une époque où le numerus clausus tournait autour de 3.700/3.800 –, il n’en va pas de même pour les praticiens rangés dans la catégorie « à diplôme étranger » qualifiés par l’Ordre la même année.

Ceux-ci, étant données leurs voies possibles de recrutement, ont des profils très divers qui conditionnent d’ailleurs leurs portes d’entrée dans le système. Certains ont été diplômés en Europe – ils sont 1.500 en 2009 –, d’autres à l’extérieur de l’Union – ils sont, très précisément, 1.836 (voir Le Quotidien du 21 avril). À l’intérieur de ces mêmes catégories mais selon d’autres frontières, certains viennent d’arriver en France (ils sont environ 1.700) ; beaucoup y sont depuis au moins cinq ans, au cours desquels ils ont effectivement exercé à l’hôpital (1.600 personnes). Certains sont en début de carrière mais beaucoup sont des praticiens aguerris, dont l’âge tourne plutôt autour de la cinquantaine. Une partie, enfin, de ces médecins vite étiquetés « étrangers » est tout bonnement de nationalité française (avec là encore, deux possibilités : Français à l’origine, ces médecins ont été formés à l’étranger ; ou bien – et c’est beaucoup plus fréquent – de nationalité initialement étrangère, ils sont devenus français une fois venus, leur diplôme de médecine en poche, exercer leur art dans les hôpitaux de l’hexagone).

Le flux doit se tarir.

C’est en grande partie le processus de régularisation massive des médecins en fait déjà employés par les hôpitaux français (avec des statuts de FFI, de PAC* ou d’assistants…) qui conduit à ce match nul de l’Université française et des cursus étrangers – le score de cette rencontre tourne même à l’avantage des praticiens étrangers si l’on verse aux dossiers le chiffre, mal connu (peut-être 3.000 chaque année), des médecins à diplôme français qui choisissent, eux, de s’expatrier...

La procédure d’assimilation des « anciens » devant s’arrêter après 2011, le phénomène – couplé à l’arrivée en fin d’études de générations soumises à des numerus clausus desserrés – perdra après cette date beaucoup de son ampleur. À moins que, sous la pression croissante des besoins non couverts de la population, un « stock » de médecins étrangers ne se reconstitue par la filière des spécialisations. À moins aussi que les Européens, de plus en plus courtisés par les territoires français et dont les flux ne sont pas régulables, se précipitent en masse dans les cabinets et les hôpitaux français.

Karine Piganeau

Le quotidien du médecin

04/05/2010

Note de la rédaction :

* FFI pour « faisant fonction d’internes » ; PAC pour « praticien associé contractuel ».

Voir également :

" Atlas de la démographie médicale 2009 : de sérieuses menaces sur l’accès aux soins » qui traite de la désertification médicale des campagnes françaises."

http://www.polemia.com/article.php?id=2378

Image : médecin étranger

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