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"Une attente de 38 ans pour la vérité". Le quotidien irlandais Irish Times donne le ton. L'impatience est générale outre-Manche, à quelques heures de la publication, mercredi, par le Premier ministre britannique David Cameron, d'une enquête monstre autour des événements du "Bloody Sunday". Douze années auront été nécessaires au juge britannique Mark Saville pour tenter d'éclaircir les circonstances de la mort de 14 catholiques, tués le dimanche 30 janvier 1972 par l'armée britannique à Londonderry, en Irlande du Nord. Un travail de fourmi reconnu par la presse irlandaise. "Au total, 921 témoins ont été entendus : 505 civils, 245 soldats, 33 policiers, 9 médecins légaux, 34 membres de l'IRA, 39 personnalités politiques, des fonctionnaires et des agents du renseignement, 49 journalistes et 7 prêtres", détaille ainsi l'Irish Times.
Mais cette exigence a eu un coût, 190 millions de livres (environ 230 millions d'euros), dont le montant n'est pas passé inaperçu. Tous les quotidiens britanniques et irlandais, à l'instar de l'Irish Examiner se sont ainsi fait l'écho de la phrase assassine du nouveau ministre de la Justice de David Cameron, Ken Clarke, qui a estimé dimanche que cette enquête avait été "désastreuse en termes de temps et de dépense". Le tabloïd britannique n'a pas resisté à l'inévitable jeu de mots en anglais consistant à qualifier l'enquête de "Bloody Bisaster", "bloody" signifiant ici un "sacré" désastre...
Traumatisme historique
Pour le Sun, l'enquête sur le "Bloody Sunday", qui avait été confiée en 1998 par l'ancien Premier ministre Tony Blair au juge Saville, a surtout été "une mine d'or pour les avocats, qui ont empoché 100 millions de livres" (environ 120 millions d'euros). Et le tabloïd de rappeler qu'à l'origine, le coût de l'enquête avait été estimé à 11 millions de livres (13,2 millions d'euros)... Le prestigieux quotidien britannique The Guardian balaie d'un revers de la manche cette polémique autour du coût de l'enquête. "Le rapport Saville a coûté l'équivalent de plusieurs hôpitaux nouveaux", reconnaît le journal. "Mais le pouvoir d'engager la responsabilité de l'État est inestimable", tranche le Guardian, pour qui l'essentiel réside dans le fond du dossier.
Les familles des manifestants morts lors du "Bloody Sunday" devraient être informées avant tout le monde des conclusions de cette enquête. Des conclusions qui susciteront forcément de vives polémiques, dans une société encore profondément meurtrie par son passé. "Les familles de ceux qui ont été assassinés lors du Bloody Sunday ont mené une campagne difficile pour obtenir la vérité sur ces événements", explique le Times, qui rappelle le traumatisme qu'avaient constitué les conclusions de l'enquête du juge Widgery. Effectuée dans les mois qui avaient suivi la fusillade, elle exonérait totalement l'armée britannique de ses responsabilités. Va-t-elle désormais être traduite devant la justice ? C'est l'hypothèse soulevée par le Belfast Telegraph , qui cite Lord Ramsbotham, ancien aide de camp militaire du général Carver, en poste lors des événements du Bloody Sunday. "Des poursuites pourront être engagées", estime-t-il dans les colonnes du quotidien d'Irlande du Nord. Mais le militaire, aujourd'hui à la retraite, de préciser qu'il sera "difficile" d'accuser des soldats "qui ont reçu des ordres"...
Pas sûr donc que 12 ans d'enquête suffisent à établir des responsabilités claires. Reste l'impact moral d'un tel travail. Peut-il aboutir à une accélération du processus de paix entre Irlandais et Britanniques ? Dans un édito intitulé "Avons-nous finalement appris à aimer les Anglais ?", le quotidien irlandais préfère ironiser en citant Oscar Wilde : "Je ne souhaite rien changer en Angleterre, sauf la météo."
Ce qui pose toujours problème, c'est l'occupation anglaise en Ulster, la vérité sur les crimes des uns et des autres viendra après la réunification, la paix durable et le pardon...
Un de leurs titres. Merci à tous ces artistes pour nous rappeler ce qu'est l'histoire, la vérité et non celle qui est fabriquée pour endormir les citoyens.
Pourquoi payer si cher ? il suffirait d'utiliser les fonctionnaires travaillant déjà pour le gouvernement et je ne vois pas pourquoi des avocats ont touché autant d'argent alors que c'est une enquête pour le moment... vu le nombre de morts je pense qu'il aurait été plus opportun de faire des excuses et de les aider financièrement, mais il est vrai que la vérité devait être faite sur le sujet.