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Voile intégral : l'inquiétude des policiers

Si le projet de loi sur le voile intégral est adopté, les policiers craignent de rencontrer des difficultés à faire appliquer la loi.

Par Sylvie Chayette

Publié le 19 mai 2010 à 18h58, modifié le 20 mai 2010 à 10h32

Temps de Lecture 2 min.

Le projet de loi définissant l'interdiction du voile intégral en France a été présenté, mardi 19 mai, en conseil des ministres. Le texte devrait être examiné à l'Assemblée en juillet, pour un vote mi-septembre. S'il est adopté, les policiers seront amenés à le faire appliquer, comme l'a expliqué la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, au Parisien. "Nous comptons sur les forces de l'ordre, le Conseil français du culte musulman (CFCM), les associations en lien avec les mairies pour sensibiliser ces femmes et leur expliquer que le port du voile contrevient aux principes républicains." Pour Yannick Danio, délégué national du syndicat Unité SGP-Police, "ça prête à sourire". Comme nombre de ses collègues, il se demande bien comment la loi pourrait être appliquée.

Si verbaliser ne pose pas de problème particulier, comment faire cesser l'infraction ? "Il faudra demander à la femme voilée qu'elle enlève son voile, ce ne sera pas sans incident." Même constat pour Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance : "On se servira des policiers et des gendarmes comme de boucs émissaires." Aucun d'entre eux n'imagine, devant une mosquée, demander à une femme de retirer son voile intégral. "Que faudra-t-il faire avec les femmes des Emirats qui dorment au Ritz ?" ironise Yannick Danio. Frédéric Lagache insiste sur le fait que les policiers sont là pour appliquer la loi et se situent donc "hors du contexte du législateur". Dans l'exemple précédent, il tente de se rassurer : "La personne finira bien par s'éloigner de la mosquée."

"ÇA VA PRENDRE DES PROPORTIONS ÉNORMES"

Mais on demande "un mode d'emploi vis-à-vis du voile", insiste Yannick Danio. "Dans 90 % des cas, ça va partir au clash. On va avoir énormément de refus, qui vont dégénérer en insultes, donc en outrages. Donc un délit, suivi d'une garde à vue, avec les familles devant le commissariat. Ça va prendre des proportions énormes. Or, on a justement des consignes dans certaines zones où l'on nous dit de lever le pied pour éviter que ça pète", témoigne un policier sur Rue 89. "C'est ce qui se passe dans les banlieues avec les trafiquants de drogue, précise Frédéric Lagache. Provoquer le trouble public les aide à conserver leur territoire."

Selon lui, si la loi est votée, les femmes qui portent le voile intégral seront très propablement manipulées "par des associations ou des mouvement intégristes. Ils feront passer des messages pour créer l'incident et pour que des troubles soient volontairement provoqués". Inquiet à la fois de l'application éventuelle d'une telle loi, de ses conséquences et de la défense de leur collègues, Frédéric Lagache répond par un seul mot : le discernement. Pour protéger ces femmes mais aussi pour protéger les forces de l'ordre d'éventuels débordements.

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