65 – Billet invité: A-J Holbecq sur « l’erreur de Chris Martenson »

ATTENTION, DANGER. A LIRE AVEC TOUT LE RECUL NECESSAIRE, SANS OUBLIER DE LIRE LES COMMENTAIRES.

On trouve sur le net un excellent « cours » sur le site de Chris Martenson, intitulé « The crash course »

Il a été traduit en français et vous pouvez trouver l’entrée ici : http://jcbonsai.free.fr/cc/

Je voudrais néanmoins revenir sur le Chapitre 7: Création Monétaire, sur lequel, une fois de plus, nous trouvons la même erreur (traduction ou original ?)

J’insère donc en rouge mes observations:

===============

Ici, nous allons explorer le processus par lequel la monnaie est créée.

Permettez-moi de vous présenter John Kenneth Galbraith. Il a enseigné à l’Université de Harvard de nombreuses années et a été actif en politique, au service des administrations de Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman, John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson; et a été entre autres Ambassadeur des États-Unis en Inde sous Kennedy.

Il est l’un des rares à avoir été décoré à deux reprises de la Médaille Présidentielle de la Liberté.

Vraiment le genre de personne respectable et qui sait de quoi il parle. À propos de la monnaie, il a dit : «Le procédé par lequel la monnaie est créée est tellement simple que l’esprit en est dégoûté». Nous allons détailler ce point bien précis.

Si vous ne comprenez pas ce passage du premier abord, ne vous inquiétez pas, parce que la création monétaire est vraiment une bizarrerie difficile à saisir, et encore plus à accepter. C’est en réalité un procédé très simple, mais très difficile à accepter.

Tout d’abord, examinons comment la monnaie est créée par les banques commerciales.

Pour l’instant, laissons de côté la provenance de cet argent, supposons qu’une personne arrive avec 1 000 dollars (en espèces, mais il pourrait s’agir pour la banque d’une disponibilité en monnaie de base dite aussi monnaie centrale) et, par chance, une toute nouvelle banque sans dépôts vient d’ouvrir. Les 1 000 dollars (en espèces) sont déposés à la banque et maintenant la personne a une créance de 1 000 dollars (son compte bancaire) et la banque a une dette de 1 000 dollars (le même compte bancaire).

Maintenant, une règle comptable, édictée par une loi nationale, permet aux banques de prêter à d’autres personnes une partie, une fraction de l’argent qu’elles ont en dépôt . En théorie, les banques sont autorisées à prêter jusqu’à 90% de ce que les gens leur ont déposé, même si, comme nous le verrons plus tard, la proportion est beaucoup plus proche de 100% que de 90%. Néanmoins, parce que les banques ne conservent qu’une fraction de leurs dépôts en réserve, ce procédé est appelé «système bancaire de réserve fractionnaire».

C’est là ou ce n’est pas clair: « permet aux banques de prêter à d’autres personnes une partie, une fraction de l’argent qu’elles ont en dépôt ». La lecture de ce passage semble montrer que la banque va prêter 90% de la monnaie déposée! Non, la banque va pouvoir, dans ce cas, faire un crédit nouveau (de la nouvelle monnaie scripturale qui va s’ajouter à celle qu’elle a reçue et pour laquelle elle a créé la créance initiale). Si la banque peut prêter 90% des 1000 $, c’est 900 $ qui vont se rajouter aux 1000 $ et non pas 900 $ qui se déduiraient des 1000 $ pour être prêtés, alors que la banque ne modifierait pas le compte du premier déposant en lui laissant penser qu’il détient toujours 1000 $.

Revenons à notre exemple; nous avons maintenant une banque avec un dépôt de 1 000 $ et les banques ne font pas de profits en gardant simplement les dépôts pour elles – mais elles gagnent leur vie en empruntant à un certain taux et en prêtant à un taux plus élevé.

Comme toute banque peut prêter jusqu’à hauteur de 90% des dépôts de ses clients (ici, c’est mieux exprimé) , la banque dans notre exemple trouve une autre personne qui souhaite emprunter 900 $.

Cet emprunteur dépense alors cet argent (on suppose qu’ici il s’agit de monnaie scripturale ?) en le passant à une autre personne, peut-être son comptable qui, à son tour, le dépose dans une banque. Que ce soit dans la même banque ou une autre banque ne change rien à cette histoire.

Avec ce nouveau dépôt, la banque reçoit 900 $ tout neufs qu’elle peut utiliser (non, elle ne peut les « utiliser » pour les prêter, mais elle peut les « utiliser » pour accepter un nouveau crédit de 810 $) et elle recherche activement quelqu’un qui veut emprunter 90% de ce montant, soit 810 $.

Et voici un autre prêt, cette fois pour 810 $, qui est dépensé et redéposé à la banque et à nouveau, un dépôt de 810 $ tout frais est disponible pour des prêts. Ainsi, la banque prête 90% de 810 $ soit 729 $, et ainsi de suite jusqu’à ce que nous découvrons finalement que les 1 000 dollars déposés au départ ont proliféré en un total de 10 000 dollars.

Toute cette monnaie est-elle réelle? Vous pariez qu’elle l’est, surtout si c’est sur votre compte bancaire. Mais si vous avez été attentif, vous vous rendrez compte qu’en fait nous avons ici trois choses. Tout d’abord, nous avons 1 000 dollars en réserve en banque  (il s’agit bien ici de « monnaie centrale »),   10 000 dollars au total sur divers comptes bancaires et 9 000 dollars de nouvelle dette. Les 1 000 $ d’origine sont maintenant entièrement gardés en réserve par les diverses banques, mais chaque nouveau dollar, tous les autres 9 000 $, ont été prêtés et ne sont «garantis» que par un montant équivalent de dette. Comment va votre esprit? Est-il déjà dégoûté?

Vous remarquerez également que si tout ceux qui ont déposé de l’argent à la banque voulaient reprendre tout leur argent (en espèces) en même temps, tous les 10 000 dollars, la banque ne serait pas en mesure de les payer parce que, bon, elle ne l’aurait pas (mais elle pourrait évidemment les emprunter à la banque centrale qui serait obligée de vite imprimer des billets) . La banque n’a que 1 000 $ en réserve. Un point c’est tout. Vous remarquerez également que ce mécanisme de création de nouvelle monnaie à partir des nouveaux prêts et dépôts fonctionne très bien … tant que tous les emprunteurs remboursent leurs dettes. Mais si un seul emprunteur fait défaut, ne rembourse pas, alors les choses deviennent difficiles. Mais c’est une autre histoire pour plus tard.

Pour l’instant, je veux vous faire comprendre que la monnaie prêtée est créée à la demande. Inversement, lorsque les prêts sont remboursés, la monnaie «disparaît».

C’est la façon dont la monnaie est créée et je vous invite à le vérifier par vous-même. Un endroit est la Réserve Fédérale elle-même, qui a publié une bande dessinée éducative de laquelle j’ai tiré ce bel exemple. Vous trouverez un lien vers ce document sur mon site Web sous la rubrique Essential Articles.

Vous aurez remarqué que j’ai laissé de côté quelque chose de primordial, à savoir les intérêts. D’où vient donc l’argent pour payer les intérêts sur tous les prêts? Si tous les prêts sont remboursés sans intérêt, nous pouvons annuler la totalité de la chaîne de transactions, mais lorsque nous prenons en compte les intérêts, il n’y a soudainement pas assez d’argent pour rembourser tous les prêts.

Un grand vide apparaît clairement dans cette histoire et nous devrons découvrir d’où vient ce vide. Par la même occasion, nous allons également éclaircir le mystère de l’origine des 1 000 $ du départ.

Alors quel est le but de tout ceci? Pourquoi avons-nous passé ces dernières minutes à étudier le mécanisme de création monétaire? Parce que pour apprécier les conséquences de notre niveau massif d’endettement, vous devez comprendre comment la dette est crée. C’est l’une des raisons. Et la plus importante est liée à toutes ces courbes exponentielles que nous avons vues précédemment au chapitre 3. Mais nous n’en sommes pas encore là. Allons y.

A propos postjorion

Le blog d'André-Jacques Holbecq
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17 commentaires pour 65 – Billet invité: A-J Holbecq sur « l’erreur de Chris Martenson »

  1. Oppossùm dit :

    André-Jacques,
    je peux me tromper et ne rien comprendre du tout (j’ai toujours eu du mal avec les histoires de multiplicateur ) mais autant votre petit topo sur la création monétaire pour les nuls est clair, autant là Martenson embrouille tout et vos corrections plus encore.

    – Donc au départ toujours le même gars qui vient déposer de la monnaie fiduciaire, on précise toujours , en espèce. Ok

    – puis rapidement Martenson pose
     » Maintenant, une règle comptable, édictée par une loi nationale, permet aux banques de prêter à d’autres personnes une partie, une fraction de l’argent qu’elles ont en dépôt . En théorie, les banques sont autorisées à prêter jusqu’à 90% de ce que les gens leur ont déposé … »

    –> Déjà là je perturbe : quelle est cette règle ? Est-elle valable aux USA (je comprendrais alors l’origine de l’erreur de P.J. !)
    S’agit-il des dépôts uniquement en espèce … ?
    Et chez nous y-a-t-il le début de l’ombre d’un énoncé allant dans ce sens ? (ou bien je n’ai rien compris)

    D’ailleurs vous corrigez illico : Martensen aurait voulu dire :
     » Non, la banque va pouvoir, dans ce cas, faire un crédit nouveau (de la nouvelle monnaie scripturale qui va s’ajouter à celle qu’elle a reçue et pour laquelle elle a créé la créance initiale). »
    Ouf je respire …

    Plus loin il est écrit par C.M. :
    « Comme toute banque peut prêter jusqu’à hauteur de 90% des dépôts de ses clients  »
    … et vous commentez : « (ici, c’est mieux exprimé) »
    –> J’ai comme un doute car le « des » de « 90% des dépôts » , est-il indicatif ou possessif ?

    Plus loin , il est écrit par C.M. :
    « Cet emprunteur dépense alors cet argent » (les 900 €)
    … et vous commentez : « (on suppose qu’ici il s’agit de monnaie scripturale ?) »
    Votre supposition me parait fragile , puisqu’il est écrit ‘argent’ …
    de plus …

    Plus loin C.M. écrit :
    « Avec ce nouveau dépôt, la banque reçoit 900 $ tout neufs qu’elle peut utiliser »
    … et vous précisez : « (non, elle ne peut les « utiliser » pour les prêter, mais elle peut les « utiliser » pour accepter un nouveau crédit de 810  »

    … vous contestez donc à nouveau le terme ‘utiliser’ … mais c’est pourtant bien ce que C.M. a écrit. De plus il a utilisé l’adjectif « neufs » dans « 900 € tout neufs » , ce qui est bizarre et tend à nous faire conclure qu’il parle bien de 900 € en espèces … et pas en monnaie scripturale …

    Bon je m’arrête là.
    Ce n’est pas que C. Martersen a fait une erreur , c’est qu’il ne raisonne carrément pas comme vous et même qu’à la limite vous ne parlez pas des mêmes choses.

    Et pourtant magiquement il arrive au chiffre magique qu’avec 1000 et un coefficient de 10% , on autorise à fabriquer 9000 (soit 10000 en masse monétaire totale)

    Il n’y a pas d’erreur de C.M. , il y a une confusion totale. Aucun prêt n’a eu lieu , et si la banque ne peut assurer un retrait massif c’est tout simplement parce qu’elle a crée dans Sa Monnaie (libellée en monnaie B.C.) , même si d’éventuels retraits ont pu être fait en espèce : l’apport initial des 1000 en espèce ne sert que comme trésorerie.

    Bien évidemment , si on veut faire découler de l’obligation légale du système bancaire de transformer tout dépôt de valeur en monnaie fiduciaire , l’idée que la banque a prêté plusieurs fois le même argent , et faire du run-bank une preuve de cela , il faut être logique et ne pas permettre à la banque l’incohérence de prêter ce qui n’est qu’en dépôt.

    Il est évident (enfin bon pour moi) que le concept foireux de multiplicateur de crédit embrouille les choses en mélangeant la logique des dépôts avec celle des prêts.

    Et à la limite, si on démonte incorrectement ce raisonnement boiteux, on peut finir par croire , comme PJ, que le crédit est en fait un prêt déguisé des dépôts !

    Commentaires et étrillages bienvenus (comme dirait Bruno 😉 )

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    • A-J Holbecq dit :

      Bonjour Oppossùm
      Excellentes observations.. Je vais en tenir compte ensuite pour demander à postjorion de modifier ce billet.

      Allez, j’y vais

      – puis rapidement Martenson pose
      » Maintenant, une règle comptable, édictée par une loi nationale, permet aux banques de prêter à d’autres personnes une partie, une fraction de l’argent qu’elles ont en dépôt . En théorie, les banques sont autorisées à prêter jusqu’à 90% de ce que les gens leur ont déposé … »

      –> Déjà là je perturbe : quelle est cette règle ? Est-elle valable aux USA (je comprendrais alors l’origine de l’erreur de P.J. !)
      S’agit-il des dépôts uniquement en espèce … ?
      Et chez nous y-a-t-il le début de l’ombre d’un énoncé allant dans ce sens ? (ou bien je n’ai rien compris)

      C.M. aurait du préciser. 10% de besoins en « monnaie centrale » est un exemple souvent pris aux US car simplificateur.. en France, il faudrait en fait prendre 15% (2% de réserves obligatoires + 13% de besoins statistiques en billets de banque)

      Plus loin il est écrit par C.M. :
      « Comme toute banque peut prêter jusqu’à hauteur de 90% des dépôts de ses clients »
      … et vous commentez : « (ici, c’est mieux exprimé) »
      –> J’ai comme un doute car le « des » de « 90% des dépôts » , est-il indicatif ou possessif ?

      Il faut donc préciser « Comme toute banque peut créer de nouveaux crédits jusqu’à hauteur de 90% des dépôts de ses clients si sa part de marché entre crédits et dépôts est équilibrée avec celle de ses concurrentes (pas de besoins supplémentaires de monnaie centrale pour la compensation) »

      Plus loin , il est écrit par C.M. :
      « Cet emprunteur dépense alors cet argent » (les 900 €)
      … et vous commentez : « (on suppose qu’ici il s’agit de monnaie scripturale ?) »
      Votre supposition me parait fragile , puisqu’il est écrit ‘argent’ …

      Oui, j’avais remarqué cette « fragilité ». C.M. aurait du utiliser le terme « cash » s’il voulait signifier des « espèces » (mais dans ce cas son explication est erronée). Le mot argent est une traduction trop vague de « money ».
      Faut que j’aille vérifier sur l’original anglais ce qui est réellement dit par C.M.

      ============

      Pour la suite, pouvez vous relire tranquillement le point de vue du banquier https://postjorion.wordpress.com/2009/12/01/48-billet-invite-a-j-holbecq-sur-%C2%AB-l%E2%80%99argent-mode-d%E2%80%99emploi-%C2%BB/ et Schumpeter https://postjorion.wordpress.com/2010/01/26/58-scoop-schumpeter-lexpansion-du-credit/ en notant bien qu’il explique:

      Le problème de la création de crédit est habituellement présenté au néophyte sous l’aspect du paradoxe du système totalement « prêté », dans lequel les dépôts sont un multiple des réserves – un multiple égal à l’inverse du ratio de réserves – et dans lequel la banque individuelle, dont les dépôts sont aussi un multiple des réserves, ne peut pas, sur la base d’une augmentation donnée de ses réserves, étendre ses dépôts plus que d’un montant égal aux réserves extra excédentaires. La banque individuelle est dépourvue du pouvoir de « multiplier » les dépôts, bien que d’une manière ou d’une autre le système ait ce pouvoir et en réalité la banque individuelle, dans l’équilibre final, semble avoir multiplié les dépôts.

      Comme je le faisais remarquer sur une liste de discussion, nous faisons tous des imprécisions en parlant de « la banque ».. et j’essaye de plus en plus de bien séparer:

      1 – La banque, une banque, l’agence bancaire du coin. Le banquier est dans ce cas le « directeur d’agence »
      2 – Un réseau bancaire : ex la Société Générale, le Crédit Agricole, BNP Paribas, etc,
      3 – Les banques, l’ensemble des réseaux bancaires commerciaux
      4 – Le système bancaire: c’est l’ensemble des réseaux bancaire plus la Banque Centrale.

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      • A-J Holbecq dit :

        Je viens d’écouter rapidement le « cours N°7 »
        Il parle très vite mais effectivement il ne semble pas utiliser le terme de « cash »… Toujours ce mot « money », qui a été traduit soit par « argent » soit par « money » fait qu’on ne sait plus trop de quoi on parle. Il faudrait tout revoir.

        De toute façon nous savons, nous, que le véritable « coefficient multiplicateur » de l’ensemble des banques est quasi impossible à retrouver: s’agit-il de l’ensemble des dettes par rapport à la monnaie centrale ou de M1 ou M2 ou M3 par rapport à la monnaie fiduciaire?

        Le coefficient d’expansion théorique du crédit en fonction des R.O. et de la demande de billets est bien plus facile à calculer 🙂

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        • A-J Holbecq dit :

          Lire: « Toujours ce mot « money », qui a été traduit soit par « argent » soit par « monnaie »

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        • Bruno Lemaire dit :

          Ha, ces glissements sémantiques 😉 Il faut relire mon billet, na 😉

          Money c’est plutôt « monnaie » (au sens « conceptuel », celui des soi-disant « experts monétaires », pas au sens « popul », des « vrais gens »: dis, t’as de la monnaie, je vais chez le boulanger)

          Cash ou currency, c’est plutôt « espèces » (an sens d’AJH, pas au sens de Darwi, – qui ne définit jamais ce terme, ou au sens de Buffon).

          Page49 de son opus majeur, P.J. utilise « argent » pour « espèces », puis il oublie cette définition dans le passage de son chapitre 5 à son chapitre 6 (Les créationnistes de monnaie devanant subrepticement des créationnistes d’argent: quel talent …)

          Cela étant, en lisant le billet d’André-Jacques, je me suis fait les m^mes réflexions qu’Oppossum. Ce billet réintroduit la confusion « à la Jorion », et, donc, je ne comprends m^me pas son intérêt.

          A moins de vouloir faire de la pub pour Jorion, ce qui redémontre la grande ouverture d’esprit d’AJH [ 😉 ] et de postjorion, bien sûr.

          Mais on a peut être d’autres choses à faire, se pencher sur la dette,ou les dettes, par exemple.

          Désolé de ce commentaire aigre-doux, il y a des jours, comme cela, ou je me cache derrière de menus sarcasmes: c’est pas bien, et je le regrette déjà.

          Très amicalement, Bruno.

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  2. A-J Holbecq dit :

    Tu as raison, Bruno… je vais demander à postjorion de supprimer ce billet qui ne peut que créer du trouble.
    Néanmoins si Oppossùm – qui a contribué en commentaire – s’y oppose, il est honnête de le laisser.

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    • Bruno Lemaire dit :

      Non, je pense que, avec ces commentaires (ceux d’Oppossum et les tiens), il faut l’y laisser, avec l’avertissement « DANGEREUX », à lire avec modération et recul.

      Cela montre que m^me les meilleurs peuvent se laisser piéger, et qu’il faut donc faire très très attention.

      C’est toi-m^me qui me l’a appris: je me souviens encore de ta gentillesse pour me remonter les bretelles, il y a près d’un an, lorsque j’avais mal utilisé la définition de M0 (la base monétaire, pour les initiés) dans ma première critique de Creutz.

      Je pense d’ailleurs que pour piloter un avion de ligne, il faut être encore plus précis 😉 Certains ont donc eu une excellente formation, alors que, c’est bien connu, les profs et les consultants disent parfois n’importe quoi, il ne peut y avoir, à court terme du moins, mort d’homme.(M^me si les mots, ou de mauvaises théories, peuvent avoir des conséquences catastrophiques)

      Amitiés, Bruno.

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  3. Oppossùm dit :

    AJ.H, merci de vos réponses, et de vos pistes toujours pertinentes !
    Bruno, ne vous excusez pas d’aimer la cuisine « aigre-doux » : elle est excellente, aussi.
    Bonne réflexion , merci de votre lecture ! Allez donc , la Dette vous appelle ! (Moi je suis encore coincé dans les fondations !)

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    • Bruno Lemaire dit :

      @Oppossum
      « fondations » ou clé de voûte. Attention à la pierre angulaire.

      J’aime bien « clé de voûte » pour la monnaie de base.

      Mais, à la réflexion, je pense qu’il faut aller plus loin, et revenir sur ce qu’est, ou devrait être, une « monnaie sociale »: correspondre à la richesse sociale (biens et services « produisibles » ou « productibles » – c’est à dire, pour éviter les néologismes, que l’on peut produire ET qui sont utiles à produire).

      Ce n’est absolument pas le cas en ce moment.

      Dans le commentaire suivant, je vais revenir sur ce point, en recopiant un commentaire que j’ai mis sur oleocene.org, suite à un commentaire de AJH (je vais finir par croire que je suis le Francois Lecmerc de André-JAcques, en moins bien bien sûr 😉 )

      A tout de suite.

      Bruno.

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      • Bruno Lemaire dit :

        Sur l’argent « réel », qui existe ou non, je voudrais me « confier » un peu, pour essayer de comprendre pourquoi « On » nous ment, pourquoi « ON » est incompétent (je crois que c’est plus lié à des œillères qu’à une mauvaise foi caractérisée)

        En fait, la véritable richesse – m^me si elle est parfois mal mesurée, et m^me si on oublie, AJH a raison de le rappeler lorsqu’il parle d’ecococietalisme, certaines externalités négatives ou nuisances diverses – est la production de biens et services. Plus exactement, ce devrait être la capacité de production de biens et services, richesse réelle comme le dit Douglas (celui du crédit social), elle m^me égale à la consommation et à l’investissement, SI le pouvoir d’achat était correctement réparti.

        Et c’est là le « grand secret ».
        En tant que prof à HEC, je me suis intéressé essentiellement – du moins dans mes cours de management – au problème de l’efficacité de la production et de la vente: pour faire court, aux coûts de production, à réduire, et à l’orientation clients (le marketing).
        Dans les coûts de production, les frais de personnel – et les taxes diverses – sont évidemment importantes.

        En s’intéressant ainsi au côté offre (plutôt micro-économique, ou partiel) on oublie, ou on laisse de côté, la notion de pouvoir d’achat.

        Bien sûr, au niveau macro-économique, on sait, ou on devrait savoir (en tant qu’économiste, je ne l’avais pas oublié, mais je l’avais laissé de côté) que m^me si une équation comptable (ex post) dit que les Revenus sont nécessairement égaux à la Production (dès lors que l’on met dans la Production les stocks d’invendus, pas de problème ;-), il peut y avoir quelques « menus » problèmes de répartition des richesses.

        Mais de là à remettre en cause la façon de « distribuer » ce pouvoir d’achat, non: quelle horreur.

        Face à ce « petit » oubli, il y a un oubli bien plus grave, je dirais même colossal, c’est celui du rôle de la monnaie. La plupart des économistes ne s’intéressent pas vraiment à la monnaie – qui n’existe pas vraiment en tant que telle dans les théories « orthodoxes » de l’équilibre général. On fait le plus souvent « comme si » la monnaie était un voile, parfois un peu perturbateur.

        Il a vraiment fallu que je me penche – avec d’autres – sur la crise actuelle (« heureusement » qu’elle est partie du monde bancaire, sinon je serais resté aussi idiot, et je ne me serais pas intéressé aux écrits de A.J. H) pour aborder, d’abord, le problème des intérêts, puis des revenus, et enfin de la monnaie.

        Hier, Bertrand et Hollande, sur la 2, – énarques tous les deux, je crois, en sus d’autres appartenances plus ou moins affichées – se sont plus ou moins écharpés sur ce que la France devrait faire: la monnaie n’a pas été abordée (du moins je crois).

        On est revenu aux solutions classiques:
        a) réduction de la dépense publique (j’y étais presque favorable il y a 2 ans, lorsque j’ai voté Sarkozy: je sais, c’est pas bien, mais vu les débats actuels, je ne suis pas sûr que je voterai différemment: peut être que je ne voterai pas du tout).
        Cela diminuera peut être le déficit, mais au niveau du pouvoir d’achat des fonctionnaires, cela pose problème, je pense
        b) partage du travail: tout dépend dans quelles conditions c’est fait
        c) « relance » de la croissance.

        On parle de méthodes « volontaristes », mais rien n’a été dit à ce sujet.

        Quand j’étais « marxo-keynésien », en 1980, je parlais déjà de la relance de la consommation populaire: je me suis fait étendre à l’agrég. d’économie à cause de cela, je m’en souviens donc cruellement.

        Maintenant que je suis « créditiste » (à la suite de Douglas et de Louis Even) je comprends un peu mieux la piste, ou les pistes, qu’il faut suivre.
        1) s’attaquer au problème des dettes, privées et publiques, et en premier lieu régler le problème des dettes et des surendettés: imposer un taux d’intérêt « éthique », c’est à dire jamais supérieur au taux de croissance anticipé (corrigé de l’inflation envisagée, et à réactualiser ex post, après coup)
        2) faire financer les investissements supplémentaires par l’état, jamais par les consommateurs (Douglas est plus clair sur ce sujet, on en reparlera sans doute)
        3) faire en sorte que les capacités inutilisées, lorsqu’elles sont respectueuses de l’environnement et lorsqu’elles correspondent à de véritables besoins, soient remises en route, et que le pouvoir d’achat (octroyé éventuellement grâvce à un Revenu Minimu de Dignité, un « Dividende Social » ou un « Revenu d’Existence ») permette d’avoir, en face, une demande solvable
        4) tenter d’éviter un dumping social venant d’Europe de l’Est ou d’Asie, de deux façons possibles:
        4.a) Faire une liste grise ou noire des pays « dumpants », et taxant les produits venant de ces contrées avec une tva sociale spécifique, pour éviter, ou freiner, les délocalisations (à l’image des paradis fiscaux, il y a des paradis sociaux, bien plus perturbateurs encore)
        4.b) Emettre une monnaie « complémentaire », spécifique au REvenu Minimum de Dignité, ne permettant d’éacheter que des produits « made in France », voire « maade in Zone Euro » si Bruxelles nous laisse faire. On peut oujours émettre des billets de monopoly (monnaiepoly » et demander ‘gentiment’ aux fabricannts et aux commerçants de les accepter. Ce n’est pas contraire à l’Europe, dès que l’on n’appele pas cela « euros »: « eurospoly » serait bien 😉

        En résumé provisoire, il y a des solutions:
        5) si on met le pouvoir d’achat au cœur de nos préoccupations
        6) si on comprend que la vraie richesse, ce sont les biens et services « achetables », et il faut aussi que la monnaie soit « nationalisée », c’est à dire mise au service du bien commun.(deux solutions d’envergure, la solution créditiste du crédit social – qu’il faudrait peut être rebaptiser « argent social » ou « monnaie sociale »- la solution « mutualiste » du crédit mutuel – proche des expériences de type sel ou sol. Maurice Allais a aussi suggéré des solutions moins extrêmes, fort intéressantes aussi: AJH pourra mieux en parler que moi)

        Cordialement, Bruno,

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  4. Oppossùm dit :

    Pas de bp pour supprimer , mais c’est vrai que ce serait mieux de conserver en mettant « dangereux » !

    L’intérêt de l’erreur , ici, c’est qu’on entrevoit mieux la logique de ceux qui se trompent. Car il y a une sorte de logique.

    C’est vrai que c’est un peu perdre son temps que d’essayer de piger comment l’autre se trompe (surtout quand il utilise lui-même la technique de l’argument d’autorité -après l’avoir critiqué!-)

    Une idée m’effleure destiné à Bruno : vous avez, Bruno émis l’idée que la monnaie fiduciaire jouait, d’une certaine façon, le rôle de l’or , et il y a du vrai. L’idée est intéressante , elle éclaire mieux certains mécanismes .
    Mais finalement P.J. ne serait-il pas une victime totale et inconsciente de cette façon de voir : il croit qu’on est encore en système à monnaie gagée, gagée sur la monnaie fiduciaire et c’est vrai que le cours forcé de cette monnaie joint à l’idée d’une sorte de toute puissance de l’Etat (sur lequel repose cette monnaie) , peut créer cette illusion.

    Illusion, car, je reprends mon image , la monnaie BC n’est plus la base , comme l’était l’or, de la monnaie , mais sa clé de voute.

    Oui je sais, je tourne un peu en rond.

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  5. NingúnOtro dit :

    Je vais profiter du fait que vous avez mis déjà le signe « Dangereux, à lire avec précaution » en haut du billet pour vous refiler non pas un petit pétard nuisible, mais toute une bombe atomique…

    A mon humble avis (à jeter illico s’il vous donne la trouille, je ne suis qu’un cerveaux et je n’aime pas pointer des pistolets sur ceux des autres), vous faites encore fausse route en prétextant que quand une personne X arrive avec 1.000$ dans une banque Y toute neuve qui vient d’ouvrir ces portes et avec 0$ dans son bilan… cette banque Y doit garder 100$ comme réserves et peut prêter 900$ à des nouveaux clients. J’aime le petit jeu de ping-pong théorique qui fait que par d’autres banques et déposants/emprunteurs interposés finalement les 1.000$ initiales du premier déposant se voient gonflés jusqu’à 10.000$ de masse monétaire totale, 1.000$ déposés comme réserves dans les différentes banques, et 9.000$ circulant comme argent scriptural sur les comptes des clients.

    Pourquoi ne pas accepter le raccourci logique suivant…

    … lorsque Monsieur X arrive a la banque Y avec ces 1.000$, disons 500 pièces de 2$ en or (pour simplifier et comprendre l’origine, il peut ainsi être confondu avec le chercheur d’or qui dépose ses trouvailles chez l’orfèvre qui fut la préhistoire du banquier)… la banque Y utilise toutes ces 500 pièces de 2$ chacune pour constituer la réserve dans ces coffres, qu’on ne touche plus, et signe comme reçu une reconnaissance de dette à hauteur de 1.000$ qu’elle donne à Monsieur X.

    Jusque la, l’orfèvre tout comme la banque actuent avec 100% de réserves.

    Maintenant, l’histoire raconte que l’orfèvre s’aperçut que les clients avec de l’or en dépôt ne réclamaient statistiquement jamais plus de 10% de tout l’or en dépôt pour faire leurs affaires, car ils s’échangeaient directement les reconnaissances de dettes signés par les orfèvres/banques.

    In fine, ce qui se passait c’est que comme les gens s’échangeaient les reçus bancaires/d’orfèvres… ceux-ci décidèrent de s’enrichir illicitement en abusant la confiance de leurs clients pour faire circuler à leur propre profit plus de reçus, ou des reçus pour un montant supérieur à la quantité d’or qu’ils n’avaient reçus en dépôt.

    L’arnaque repose sur la confiance qu’on fait au orfèvre/banquier, et il est tout à fait théoriquement possible de faire circuler 1.000.000 de fois plus de reçus de reconnaissance de dettes que ce qu’on à comme or dans les coffres. Mais voila… statistiquement une limite avait été établie qu’il n’était pas prudent de dépasser… puisque les clients faisaient circuler en main 10% de l’or déposé… cet or la, il devait belle et bien exister ou on se rendrait compte qu’il manquait de l’argent réel.

    Alors, pour ne pas tuer dans leur avarice la poule aux œufs d’or, la crème de la crème des orfèvres/banquiers créèrent la FED, la réserve fédérale américaine, qui reçut la mission de veiller à ce que aucune banque ne s’excede dans sa gourmandise et tue la poule. Pour cela, celle-ci imposa la règle de la réserve fractionnaire, qui est une contrôle auto-imposée de la limite prudentielle de 10% d’argent réel versus 90% d’argent scriptural, à toutes les banques du système.

    La ou vous faites fausse route en expliquant le système de réserve fractionnaire, c’est qu’il ne s’agit pas de recevoir 500 monnaies d’or de 2$ chaqu’une, 1.000$ en tout, et d’en garder 50 dans les coffres (100$, 10%) pendant qu’on prête physiquement les 450 monnaies d’or restantes (900$, 90%). Non, cela serait trop simple… et encore assimilable à une banque à réserves pleines.

    Ce que la réserve fractionnaire fait en réalité, et la cela devient très intéressant pour les banques… c’est que les 500 monnaies d’or de 2$ toutes entières constituent TOUTE la réserve physique d’argent de la banque, et que celle-ci peut évidemment donner une reconnaissance de dette bancaire pour un montant de 1.000$ à celui qui fait le dépôt, mais que… EN PLUS, elle peut donner des reconnaissances de dettes supplémentaires pour un montant de 9.000$ à d’autres clients (des prêts, contre contrat de restitution dans le futur, moyennant intérêts).

    Alors, la mécanique complète est que…

    X dépose 1.000$ et peut retirer jusqu’à 1.000$ mais n’en retire statistiquement en moyenne que 100.

    Des clients emprunteurs peuvent emprunter jusqu’à 9.000$ mais ne font circuler en espèces statistiquement en moyenne que 900.

    La somme de ce qui circule en espèce statistiquement est 100$ + 900$ = 1.000$ (les 1.000$ bien réels de dépôt fait par le premier client X)

    L’orfèvre/la banque, elle paie peut-être un petit intérêt au client X pour rémunérer son dépôt.

    Par contre, elle demande un intérêt beaucoup plus grand sur les 9.000$ qu’elle prête aux autres clients.

    Non seulement cela, mais elle peut CHOISIR à qui elle prête 9.000$ inexistants au taux d’intérêt qu’elle désire (tant que quelqu’un veut bien l’accepter), contre les garanties de remboursement qu’elle veut bien accepter comme suffisantes, et pour que soit fait ce qu’ELLE estime le plus interessant. Elle peut même les prêter en préférence à des entreprises dont elle est grand actionnaire et receveuse des bénéfices.

    Bien sur, chacun veut créer sa propre banque pour profiter de l’arnaque (ceux qui savent, bien sur), et tous les nationalistes alimentent la propre banque centrale dont ils essaient d’incrémenter la rentabilité en concurrence avec les banques des autres.

    C’est déjà les anglo-saxons qui organisèrent la poule aux œufs d’or à perpétuité avec la limitation de la réserve fractionnaire, et c’est encore eux qui l’ont cassé en s’inventant le hors-bilan via les hedge funds et la titrisation, pour finir par casser la lessiveuse en mettant n’importe quoi, même des ninja, dans les titrisations de cédules hypothécaires.

    Madoff, c’était du Ponzi standard. Le système bancaire dans sa totalité est un énorme Ponzi en circuit fermé puisque au lieu de capter des nouveaux inverseurs ils avaient la création ex-nihilo pour multiplier la base par 10.

    Ils se sont cassés la figure parce-que un facteur 10 n’était plus assez et ils ont osé franchir la limite prudentielle auto-imposée.

    Cela dit, je ne sais toujours pas quel est le jeu de Paul Jorion et son négationnisme de la création ex-nihilo (même si je peu concevoir que la peur d’une réaction proche d’un assaut à la bastille et le dépoussièrement des guillotines de la part des gueux peut conseiller des stratégies de prudence…).

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    • Bruno LEMAIRE dit :

      Je ne vois strictement rien à ajouter à ce que vient de dire NingunOtro. C’était un de mes rares sujets de désaccord avec la présentation d’André-Jacques.

      Avec 1000 euros de « vrai argent »,(ici « espèces », dans le scénario « Far West » de l’or) et un coefficient « prudentiel » de 10, une banque peut prêter 9000.
      Elémentaire chers amis: la masse monétaire est de 10000, dont 1000 de « vrai argent ».

      tout autre raisonnement « à la Jorion » me semble, au mieux, dangereux, au pire faux.

      Amitiés, Bruno

      J’ai lu plus que 12 lignes, mais c’est Dimanche ;-), je me suis défoulé à la chorale.

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  6. Oppossùm dit :

    Hola Ningùnotro
    J’ai l’impression que ce que vous dites est bien ce qui est conceptualisé par les ‘opposants’ à PJ.
    En tout cas je me reconnais dans votre raisonnement.

    Le billet de Martensen semble aussi revenir au même, de façon extrêmement confuse dans la définition des termes et par une raisonnement tortueux liée probablement à un usage beaucoup plus développé aux USA de la monnaie fiduciaire.

    Bref, donc, comme vous le faites, on peut concevoir le rapport de 10% des réserves obligatoires comme un ‘levier’ de 1 à 10 . En pratique il semble , compte tenu d’autres contraintes , que ce soit de 1 à 6.

    Avec 1 la banque fait 6 , en demandant un intérêt sur les 6 surgis de sa baguette ex-nihilo. C’est vrai . Et cela choque, voire ‘scandalise’.

    Mais dans un système libre , ce taux n’est pas anormal . En effet, le total de la demande de fond d’une économie à un instant T est satisfait par du crédit, mais également par de l’épargne .

    Cette épargne est à l’origine du crédit mais peu importe , elle appartient à un agent qui s’en prive est qui doit donc lui, être légitimement rémunéré d’un intérêt. Le crédit s’aligne donc sur cet intérêt.

    Si le crédit était ‘gratuit’ sous prétexte du ex-nihilo, vous tuez alors l’épargne ou bien une bonne partie. Mais après tout pourquoi pas ?

    Nous serions alors dans un système d’argent très peu cher, avec toute les conséquences néfastes que cela entraîne , la crise actuelle en est une illustration.

    Il ne faut donc pas se scandaliser du levier des banques, mais il faut en faire une activité contrôlé par l’Etat , de la façon suivante
    – séparation des banques de dépôts (entièrement libre)
    – et des banques commerciales (faisant du crédit) : elles resteraient privé , mais l’activité de crédit deviendrait un « service public » qui leur serait confié. Le taux d’intérêt pratiqué serait celui déterminé par le marché , par contre l’Etat fixerait la quantité de crédit maximum (il y aurait un quota) : ce serait donc un acte politique destiné à contrôler la masse monétaire de façon relativement démocratique.

    Le marché donnerait alors un prix à cette rareté par le jeu de l’intérêt. Et bien sûr, les banques commerciales n’engrangeraient pas intégralement cet intérêt, mais reverseraient une soulte, comme si c’était l’Etat -conçu comme un prêteur lambda privé- qui leur avait prêté cet argent.

    C’est à dire que l’intérêt réel initial des monnaies créées revient à la collectivité.

    Après on peut imaginer ce qu’on veut avec (on fait du social, de la recherche etc …)

    Dans mon esprit mais c’est un autre sujet , interdiction du déficit budgétaire par l’Etat … qui arrange trop ceux qui ont déjà. Si on veut investir, on lève des impôts et on affronte le problème de la répartition plus ou moins inégalitaire tout de suite.

    Voilà : il ne s’agit pas d’un système 100% monnaie.

    Remarque : attention vous semblez penser que les banques prêtent à qui elles veulent , comme elle veulent : non, les banques prêtent avec beaucoup de savoir faire à ce dont elles pensent que le remboursement sera certain . Car Toute perte, tout non remboursement est supportée par ces fonds propres.
    Donc , une fois que le ‘levier’ de la spéculation aura été interdit , -c’est le 3ieme pilier du système que je vous décris- (donc pas la spéculation en elle même, mal nécessaire), la banque reviendra au financement de l’économie réelle, et là fera attention de financer (que ce soit par l’épargne ou le crédit, des projets que la société estime vraiment utile)

    Bien sûr dans ce système il faut des banques responsables qui, en cas de perte engagent vraiment leurs fonds propres , et pas des banques protégées par un état qui s’en sert plus ou moins pour une politique (si généreuse soit-elle) : si l’état veut faire du social , il le fait directement , mais pas en pervertissant le rôle de chacun. Donc banque responsables dit également banques limitées dans leur taille (4eme pilier) : notre monnaie ne doit pas être à la merci de l’aléa moral.

    Et si l’Etat trouve qu’il faut libérer le crédit parce que les banques sont timorées et que l’économie a besoin de crédit supplémentaire , il débride son quota. Et laisse le marché décider des projets utiles ou pas.

    A ce système, on peut ou pas injecter plus ou moins de concurrence ou de protectionnisme. C’est à dire mettre plus ou moins de marché. Mais c’est un autre problème. L’important est que la base monétaire soit saine.
    Cordialement

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    • NingúnOtro dit :

      « Il ne faut donc pas se scandaliser du levier des banques, mais il faut en faire une activité contrôlé par l’Etat , de la façon suivante
      – séparation des banques de dépôts (entièrement libre)
      – et des banques commerciales (faisant du crédit) : elles resteraient privé , mais l’activité de crédit deviendrait un « service public » qui leur serait confié. Le taux d’intérêt pratiqué serait celui déterminé par le marché , par contre l’Etat fixerait la quantité de crédit maximum (il y aurait un quota) : ce serait donc un acte politique destiné à contrôler la masse monétaire de façon relativement démocratique. »

      Oppossùm, vous oubliez DEUX détails assez importants d’un point de vue non monétaire mais bien sociologique qui font obstacle au contrôle relativement démocratique:

      1) La nature du problème relève d’agissements humains, et si on ne traite pas les raisons de ces agissements alors ces humains trouveront le moyen de recommencer ces agissements avec les instruments équivalents disponibles sous le nouveau système. Sans compter avec le fait que si le nouveau système n’est pas universel alors on ne fait que créer des zones ou les humains sont obligés d’être moins compétitifs que la ou le nouveau système n’est pas obligatoire. Soit la nouvelle réglementation vaut pour TOUS (pas facile à faire), soit on instaure un protectionnisme strict qui compense ou pénalise les transitions entre zones à différente réglementation (pas facile à faire non plus). Tant que rien de concret ne peut être fait… chacun fait ce qu’il peut.

      2) Ce serait injuste de consolider les bénéfices (et les pertes) qui ont été accumulés tant que les tricheries ont été possibles en passant directement de la situation actuelle avec chacun les richesses accumulés dans sa poche vers un système ou tricher serait moins possible, sans utiliser un mécanisme de dédommagement qui rétablirait un équilibre plus sain avant de continuer. Quelques-uns prétendent faire péter le système actuel précisément parce-que le système monétaire repartirait de zéro, mais on ne toucherait pas aux propriétés physiques accumulées en usant les tricheries du système à périmer. Les richesses acquises resteraient dans les mains de leurs détenteurs. Cela fait que tout le monde est en train de gagner du temps pour transformer ses avoirs monétaires en ressources physiques avant que le système ne pète pour de bon (la bourse qui monte -pour la valeur des ACTIFS des entreprises- sans une réelle reprise de l’économie).

      Ce jeu d’échecs multibande est beaucoup plus tordu que ce que vous semblez croire…

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  7. Oppossùm dit :

    NingunOtro
    Oui, très bonnes remarques.

    A bientôt

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  8. A-J Holbecq dit :

    De toute façon – au plus j’y réfléchis (et ça fait quelques années) – la seule « solution viable » me semble être le 100% money avec l’éclatement des banques en 3 entités.
    https://postjorion.wordpress.com/2010/02/13/66-systeme-bancaire-a-reserves-pleines/ (si vous n’êtes pas d’accord, pouvez-vous présenter vos arguments à la suite de ce fil 66 .. merci)

    Christian Gomez vient de me faire passer une étude sur cette proposition 100% money « actualisée »: si j’ai son autorisation, je la diffuserai.

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